Jeune agricultrice fraîchement installée, Juliette Mallet fait de la simplicité un art de vivre et de travailler. Bienvenue dans son monde où le mot minuscule rime avec liberté.
C’est la pleine saison de l’ail des ours, on va y faire un tour ? En ce début du mois d’avril, Juliette est à l’affût des premiers signes du printemps. Salopette, bottes en caoutchouc, panier, téléphone portable dans lequel elle a rentré les coordonnées GPS du trésor aillé et la voilà parée pour sa cueillette de sous-bois. Vous sentez cette odeur d’aïoli ? Regardez c’est là. La jeune femme désigne un tapis de feuilles bien vertes et bien grasses à côté du cours d’eau. S’agenouille et commence son bouquet. Je ne cueille pas toutes les feuilles au même endroit, surtout je n’arrache pas les plantes pour qu’elles puissent repousser. Entre deux explications, Juliette croque une fleur. Vous avez vu le goût qu’elles ont, c’est dingue. Ce soir, elle réduira son butin en un pesto sauvage qu’elle mélangera avec les pâtes de la ferme achetées chez un agriculteur voisin.
Depuis un an, dans un micro-village perdu dans la campagne de Loches, Juliette fait pousser son rêve d’enfance. Je cultive sur une parcelle de 650 m2 une quarantaine de variétés de plantes aromatiques et de fleurs comestibles. Je les fais grandir doucement et je les admire chaque jour, tant elles sont belles et tant elles dégagent un parfum délicieux, puis je les récolte délicatement. Je cueille aussi certaines plantes sauvages dans la nature… Depuis un an, Juliette est agricultrice et savoure son changement de vie.
Revenir à l’essentiel
Dans une première existence professionnelle, la trentenaire a connu le monde du spectacle, de l’événementiel et du tourisme. Dans l’ordre, Loches, Paris, Tours, pour retourner à la case départ, son village d’enfance. J’ai grandi ici en Touraine, c’est une région que j’aime profondément. Petite fille d’agriculteur et fille d’une maman jardinière, j’ai été élevée au milieu de la nature où je jouais avec ma sœur à fabriquer des potions magiques avec les plantes et où je mangeais les fleurs du jardin. J’étais aussi dans les jupes de ma grand-mère à l’observer cuisiner les légumes et fruits du potager. Très vite je me suis prise de passion pour la cuisine.
Le passage de la culture à l’agriculture a mûri pendant quelques années et pris tout son sens après les quatre mois de chantier volontaire qui ont permis à Juliette et son mari Gaël de construire leur tiny house, soit 20 m2 habitables tout en bois et une vue imprenable sur plusieurs hectares de prairie. Quand certains ont des rêves de grandeur, les chimères de Juliette se glissent dans une coquille de noix. La simplicité, c’est la liberté, affirme-t-elle heureuse d’avoir fait le vide dans trop d’affaires accumulées.
Au début, j’avais mille idées, j’en changeais chaque semaine.
C’est en vivant dans cette petite maison tournée vers le monde qu’est née mon envie de vivre des plantes. La jolie blonde suit alors deux formations, la première avec l’ADEAR 37 pour mettre en place l’idée de son projet : Au début, j’avais mille idées, j’en changeais chaque semaine. Sa formation à la Maison familiale rurale de Chauvigny avec le botaniste Jean-Pierre Scherer – Production et transformation des plantes aromatiques et médicinales – finira par lever ses derniers doutes. Cela m’a conforté dans l’idée que je voulais vraiment cultiver et transformer de jolies plantes et fleurs. En mars 2017, La cabane à plantes est née. En accord avec sa nouvelle existence, Juliette avance à petits pas avec ses propres moyens. Sur le terrain familial, en friche depuis plus de vingt ans, un simple labour a suffi avant qu’elle puisse y installer ses premières fleurs. La jeune femme achète des semences et plants certifiés bio, réalise ses propres semis et boutures, et cultive sans intrants chimiques achillée millefeuille, bourrache, hysope, mauve mauritanienne, basilic cannelle… Le travail s’effectue exclusivement à la main. Les variétés de plantes ont été sélectionnées en fonction de leurs saveurs, de leur couleurs, mais aussi, et c’est important, en fonction des richesses qu’offre cette terre, explique Juliette.
L’agriculture, un long apprentissage
Depuis un an, l’aspirante agricultrice teste, apprend, sollicite l’avis de sa famille et de ses amis : C’est vrai vous le trouvez bon mon vin de pissenlit ? Je vais en refaire alors. Aujourd’hui, elle commercialise ses plantes fraîchement cueillies et, dans quelques semaines, grâce au séchoir qu’elle vient tout juste de fabriquer – enfin, c’est surtout Étienne, très doué en construction, dessins mais aussi en cuisine, en écriture, en comédie… qui a été le maître d’oeuvre de ce chouette chantier –, elle mettra en vente une gamme d’infusions et de condiments pour la cuisine. Dedans, on trouvera sans doute un mélange fait d’anis vert, de fenouil et de mélisse, plantes alliées de l’allaitement. Car dans quelques mois, en plus d’être agricultrice, Juliette goûtera à un plaisir encore plus simple. Celui d’être maman.
Cet article a été publié initialement sur le Oui! Le magazine de La Ruche qui dit Oui !
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