Comme une ritournelle, le gouvernement va tenter jeudi de convaincre les enseignes de la grande distribution d’abandonner leur course aux prix bas, jugée destructrice pour les industriels et les agriculteurs.
Depuis 9H15, le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, celui de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, et la secrétaire d’État à la Consommation, Carole Delga, reçoivent au ministère de l’Agriculture des représentants des agriculteurs, industriels et distributeurs. Car les négociations commerciales pour fixer les tarifs des produits de grande consommation pour l’année viennent de commencer.
Depuis deux ans, les réunions de médiation de ce type se sont multipliées. Sans grand succès pour l’instant. « C’est l’enfer » encore cette année, avec des négociations très tendues, confiait encore en début de semaine le président de l’association des industries alimentaires (Ania), Jean-Philippe Girard. Et selon l’Ania, les signes de reprise du secteur agroalimentaire pourraient être anéantis si cette bataille commerciale ne devait pas cesser.
Une menace pour l’emploi
Le gouvernement a plusieurs fois tapé du poing sur la table: le Premier ministre, Manuel Valls, a lui -même appelé les enseignes, lundi, à « jouer le jeu du patriotisme alimentaire ». Mercredi, Stéphane Le Foll en a remis une couche expliquant que la déflation (baisse générale des prix) n’était bonne pour personne et représentait une menace à terme pour l’emploi. Une inquiétude partagée par la fédération générale de l’agroalimentaire de la CFDT (FGA-CFDT) qui estime dans un communiqué que « cette pression sur les prix a une incidence directe sur les conditions de rémunérations des salariés, la qualité des produits et, au final, ne bénéficie que peu aux consommateurs ».
Le syndicat dénonce « l’ampleur » d’une guerre des prix qui « ne cesse de s’accentuer année après année ». L’Ania est d’autant plus inquiète cette fois-ci que Auchan/Système U et Casino/Intermarché ont conclu des alliances pour acheter en commun. Avec ces rapprochements, ces quatre enseignes avec Carrefour et Leclerc, détiennent à elles seules « 90% de parts de marché ».
Déminage
Soucieuse de déminer les discussions, la grande distribution, d’habitude avare de commentaires, a multiplié les annonces avant même la réunion de ce jeudi. Ainsi la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) qui regroupe notamment Auchan, Carrefour, Casino, Système U ou Cora a annoncé mercredi avoir signé un code de bonne conduite avec la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (FEEF), qui représente 600 PME alimentaires et non alimentaires. Elle jure que ce code permettra des négociations commerciales plus « loyales ».
Dans le même temps, Leclerc, considéré comme le plus dur en affaires, annonçait le renouvellement de son partenariat avec cette même FEEF, avec l’engagement de « mieux prendre en compte dans leurs tarifs d’achat, l’évolution du coût des matières premières entrant dans la composition des produits fabriqués par ces PME« . Le gouvernement a publié samedi un décret, attendu depuis des mois, qui doit permettre un retour à la table des négociations de la grande distribution et des producteurs agroalimentaires en cas de forte variation des prix agricoles.
Pour attirer le client dans leurs rayons, les enseignes multiplient les promotions et négocient toujours à la baisse leurs prix avec les industriels. Il en résulte une baisse des prix avec le risque d’enclencher une spirale déflationniste. Une situation qui n’est pas spécifique à la France. En Allemagne, ce sont les supermarchés à prix cassés qui donnent le la. Et, comme le souligne le quotidien Les Echos dans son édition de jeudi, Lidl et Aldi ont même réussi à faire « basculer le Royaume Uni dans la guerre des prix » avec des prix alimentaires en baisse « pour la première fois depuis au moins huit ans ».
Sandra LAFFONT
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