Tandis que la 3ème édition du forum Open Agrifood s’ouvrait à Orléans, citoyens et associations se retrouvaient autour de la Confédération paysanne et du festival Alternatives Alimentaires. Deux mondes semblaient là se confronter, autour d’un sujet pourtant commun : comment construire aujourd’hui l’alimentation de demain ?
Certes, Open AgriFood, sous la présidence de Xavier Beulin, est un rendez-vous de l’agroalimentaire, il suffit de jeter un œil sur les partenaires pour s’en convaincre. Pour autant, dans ce forum, qui se présente à la fois comme un Think et Do Tank, il semble que les lignes bougent. Près de 2 000 personnes étaient attendues hier et aujourd’hui, des industriels en premier lieu, mais aussi des étudiants, et, nouveauté cette année, des citoyens venus pour la rencontre « Construisons ensemble l’agriculture et l’alimentation de demain ».
Innovation responsable
C’est sur le front de l’innovation « responsable » à l’échelle internationale que s’est lancé le forum. Les intervenants, chercheurs, membres de grands groupes internationaux, représentants du commerce équitable comme Dominique Royet de Max Havelaar France ou de démarches coopératives comme celle du professeur Anil Gupta en Inde avec le réseau Honey Bee, ont témoigné de leurs initiatives, de leurs missions respectives et de leurs efforts. Preuve selon eux de la possibilité d’autres voies.
La route des innovations, plutôt incarnée par de jeunes startup, était aussi là pour témoigner d’actions pilotes. Et si l’innovation pour l’innovation telle que l’on a pu la critiquer au SIAL nous parait vaine, Open AgriFood a su montrer qu’on aurait tord de la limiter au dernier biscuit connecté ou au design des nouvelles pâtes protéinées. Parmi les pistes intéressantes : les innovations en termes de RSE (responsabilité sociale et environnementale des entreprises), des projets de gouvernance territoriale, l’innovation financière au travers de plateformes de crowfunding comme MiiMosa, ou encore technologique.
Regagner la confiance des consommateurs
Mais si l’innovation était au cœur des débats, un autre sujet, moins explicite, planait sur cette journée : comment regagner la confiance du consommateur alors même que, selon Emmanuel Vasseneix, vice-président de l’événement, « 79% d’entre-eux ont peur aujourd’hui de l’alimentation »? Les consommateurs échaudés par les scandales alimentaires ou encore par l’utilisation des pesticides et des ogm qui ont une incidence directe sur leur santé, poussent les entreprises à être plus transparentes, plus durables, plus responsables. C’était du moins ce qui ressortait des paroles et de l’état d’esprit certains entrepreneurs conscients « d’être arrivés à la fin d’un système » comme le précisait Emmanuel Vasseneix, tandis que Dominique Royet, directrice de Max Havelaar, soulignait de son côté l’importance des « valeurs attachées à l’entreprise ».
Un festival des alternatives alimentaires
On voudrait donc bien croire que cette manifestation qui cherche à créer l’échange est bien en train de prendre conscience que quelque chose est en train de se passer. Mais à l’extérieur, tous ne semblaient pas d’accord. « Monsanto versus ma santé », « pesticides versus biodynamie », « biodiversité versus OGM » : des panneaux de circulation fait main plantaient un autre décor pour aider le citoyen à choisir le type d’agriculture à suivre. Une action de La confédération paysanne qui souhaitait dénoncer le forum comme « opération de GreenWashing » alors qu’était lancé la troisième édition du festival Alternatives alimentaires. Un festival mettant lui aussi l’innovation et l’agriculture de demain à son programme, mais aussi la question de la souveraineté alimentaire, de la transition écologique ou encore les accords de libre-échange qui n’ont, elles, pas été traitées au forum Open AgriFood.
A Orléans, deux visions du monde agricole et alimentaire s’opposaient. Séparées par des barrières, alors même que le dialogue s’avère on ne peut plus nécessaire.
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