Une paire de crocs abandonnées sous le bureau, un maillot de l’UBB Rugby, l’affiche géante des Petits Mouchoirs et une photo en compagnie de Guillaume Canet, une caricature de lui jouxtant la Une de Sud-Ouest « Joël Dupuch star des guignols », l’ordre du mérite encadré… . Mettre un pied dans le bureau de Joël Dupuch c’est déjà découvrir sa vie, ses amitiés, ses passions. Le voilà qui entre, vareuse de pêcheur, carrure de rugbyman et teint hâlé, l’ostréiculteur star est avant tout un gars du pays.
La presqu’île du Cap-Ferret, Joël y est né, y a grandi et prospéré, jusqu’à devenir cet ostréiculteur connu et reconnu de tous. Avant Les parcs de l’Impératrice, il y a eu de nombreuses aventures, l’huître y a toujours tenu le rôle principal. « On fait des huîtres de père en fils. Ça a été mon choix, c’était inné et acquis ! »
L’huître de A à Z
En 1978, Joël a tout juste la vingtaine, il démarche les restaurants, et rachète Les huîtres Brunet, une boutique désuète tenue par deux vieilles dames. C’est le début de sa collaboration avec les chefs renommés : « Amat, Ramet, Gautier… c’est eux qui m’ont appris les produits. » Par la suite, il monte un autre magasin, l’ouvre à la dégustation et crée le concept de bistrot à huître : « Huîtres, pâté, vin blanc, une dune blanche pour finir, c’est mon repas fétiche ! » s’enthousiasme-t-il.
Producteur, écailler, restaurateur, il passe par toutes les cases : « On a tout fait, du naissain à l’assiette du consommateur, c’est ce qui fait notre qualité ! » Suivront d’autres affaires, une vie professionnelle bien remplie, 30 salariés à son actif, des allers-retours entre Bordeaux, le Bassin et même le Morbihan, jusqu’en 2008 ; « J’avais fini mes tours de pistes » conclut-il fataliste. La crise de l’ostréiculture liée au test de la souris est passée par là. Après plusieurs fermetures administratives, Joël a décidé de jeter l’éponge et ferme son dernier restaurant Joël D. « J’avais envie de me recentrer sur l’huître. J’avais besoin de plus de sérénité, la production est un métier dur, mais je suis plus en osmose avec le Bassin.»
Les copains d’abord
En 2008, il monte une nouvelle société « Les parcs de l’Impératrice » en hommage à Napoléon III qui a créé l’ostréiculture. Aujourd’hui équipé en circuit fermé, il ne gère plus qu’une équipe de 7 personnes, secondé par Bruno, qui travaille avec lui depuis 33 ans. « La qualité, la régularité, c’est notre signature. Avec nous, pas de mauvaise surprise ! ». Spécialisé dans l’affinage, il reçoit des huîtres de partout, et sélectionne les meilleurs produits. Si son goût va plutôt pour les huîtres plutôt charnues, il propose 3 catégories : la classique, spéciale ou perle.
« Une huître c’est comme une voiture : vous avez la même carrosserie, sauf qu’il y en a une qui a un moteur de 50 chevaux et l’autre de 300 ! »
Il approvisionne les tables les plus prestigieuses, ainsi que quelques écaillers et poissonniers. « La restauration est une belle école de la vie, poursuit-il, on rencontre des gens très différents, mais j’ai passé l’âge de faire des courbettes ! » Passionné de rugby et de tauromachie, la vie sur le Bassin lui laisse une pleine liberté . « Je peux être les pieds dans la vase le matin et à la table du Prince de Galles, à Paris, le soir ! » Les journées de Joël Dupuch sont bien remplies et commencent dès 7h15 au bistrot du coin pour un café avec des copains de l’école primaire. La matinée passe très vite, occupée à lever les huîtres en bateau, puis à honorer les commandes qui arrivent des 4 coins de la France. Déjeuner, dîner, il y a toujours un « pote » fournisseur, client ou partenaire avec qui partager ses fameuses huîtres-vin blanc-pâté ! Tout juste, arrive-t-il à dégager une petite heure pour dormir dans l’après-midi avant d’enchaîner. « Hier soir je me suis couché à 4h » soupire-t-il entre deux cafés noirs serrés… avant de continuer, « ce soir, je dîne en face, chez mon copain Techoueyre ! »
D’autres vies que la mienne
Finalement, Joël Dupuch fait ce qu’il a envie, quand ça lui fait plaisir… à commencer par les 3 films qu’il a tournés avec Guillaume Canet, ainsi que sa participation à la série Peplum : « Ce sont des occasions de changer d’univers, mais je ne vais pas me taper des castings, ce n’est pas mon boulot ! » Bien sûr, le succès retentissant des Petits mouchoirs lui a apporté une grande notoriété même s’il tempère : » Dans mon village de 200 personnes, je suis à 100% de notoriété ! La notoriété grand public, c’est comme si on allait dans un hôtel et qu’on avait la clé de toutes les chambres. » C’est aussi un thème qu’il a abordé dans son livre « Sur la vague du bonheur », qu’il a écrit pour sa fille de 9 ans. Mais là encore, Joël relativise :
« J’ai toujours écrit, dans les moments forts de mon existence, pour fixer, parce qu’on a vite fait de se fabriquer des philosophies pour tout justifier. Ce n’est pas pour autant que je vais donner mon avis sur tout .»
Ainsi, Joël Dupuch ne serait pas très éloigné du personnage d’homme sage « cadeau » de Guillaume Canet, repris avec brio par les Guignols « Le soir de la 1ère diffusion, j’étais devant ma télé, très stressé, ils peuvent être très méchants, ils ont été extrêmement gentils ! » Et si on lui demande si cette notoriété a changé sa vie, la réponse est cinglante : « Si on change de vie à 55 ans parce qu’on est reconnu, c’est qu’on est fondamentalement con ! »
Les parcs de l’Impératrice
5 Impasse de la Conche – Les Jacquets
33590 Lège Cap-Ferret
tél : 06 50 74 51 51
Un article produit dans le cadre de l’application Adresses Gourmandes
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