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Salmonelle : la direction de l’Alimentation met en cause la transparence de Lactalis

par AFP
14.02.18

Le directeur général de l’Alimentation (DGAL), rattaché au ministère de l’Agriculture, a laissé entendre mardi que Lactalis n’avait pas transmis les résultats d’autocontrôles positifs à la salmonelle de son usine de Craon, lors des inspections menées ces dernières années par les services sanitaires.

« Ce que l’on constate, c’est qu’il y a un décalage entre les éléments donnés au niveau de l’inspection et ce qu’on a pu récupérer comme autocontrôles suite à la crise », a déclaré Patrick Dehaumont, auditionné par les commissions des affaires économiques et sociales du Sénat. « Pendant toutes ces années, il y a eu des autocontrôles d’environnement positifs faisant apparaître la salmonelle qui ne vous ont pas été transmis ? » l’a interrogé la présidente de la Commission des affaires économiques Sophie Primat.

« C’est ça » a acquiescé M. Dehaumont. « Alors que vous aviez demandé l’ensemble des autocontrôles ? », l’a t-elle relancé. « Un des éléments de vérification (…) c’est la vérification des autocontrôles » lui a répondu M. Dehaumont, qui a indiqué qu’il y avait eu au total 16 interventions en dix ans. « Au-delà du fait que ça n’ait pas été transmis, ce qui est dommage, c’est qu’il n’y ait pas eu un questionnement au niveau de l’entreprise sur le fait que c’était quand même étonnant de retrouver une salmonella agona à plusieurs reprises au fil des années, alors qu’on l’avait trouvée en 2005 », a-t-il ajouté.

En termes administratifs et sanitaires dans l’industrie agroalimentaire, une salmonelle retrouvée « dans l’environnement » signifie qu’elle pouvait être sur un mur, un parquet ou un outil, mais pas dans l’aliment fabriqué lui-même. Contacté mardi soir par l’AFP, Lactalis n’a pas réagi dans l’immédiat.

Dans une interview accordée aux Echos fin janvier, le PDG de Lactalis Emmanuel Besnier avait reconnu, puisque des salmonelles avaient bien été trouvées « dans l’environnement » de l’usine entre 2005 et 2017, qu’il ne pouvait « exclure que des bébés aient consommé du lait contaminé sur cette période ».

Une contamination à la salmonelle avait frappé l’usine en 2005, avant son rachat par Lactalis. L’épidémie de 2005 avait touché 146 nourrissons, a rappelé mardi M. Dehaumont. Celle de 2017 en a affecté 37 en France, ainsi que deux en Espagne et probablement un autre en Grèce. La bactérie en a également contaminé 25 autres entre 2006 et 2016, selon l’Institut Pasteur. Le bilan dépasse donc 200 enfants malades à cause d’une souche unique.

Patrick Dehaumont a également déploré devant les sénateurs les répercussions de l’affaire Lactalis sur la réputation de la filière laitière française à l’étranger. « Je ne vous cache pas que l’affaire Lactalis nous pose quelques difficultés. Je pense notamment au marché chinois, puisque les autorités chinoises nous demandent des comptes et c’est bien normal. Parce qu’ils sont très loin, ils aimeraient comprendre ce qui s’est passé en France ». « Ils ont une grande confiance dans le système français; là, c’est un peu écorné. (…) Ca met à mal une filière française qui était réputée comme une filière d’excellence », a-t-il ajouté.

De son côté, la Confédération paysanne a réclamé mardi une enquête du parquet financier, après des informations de presse faisant état de pratiques fiscales illégales de la part du géant du laitier, et annoncé une manifestation le jeudi 22 février à partir de 13 heures devant le tribunal d’instance de Laval, afin que « la justice s’empare de la question du revenu paysan. »

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