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Emballages alimentaires : l’Anses s’inquiète de la pollution par les huiles minérales
L’agence sanitaire Anses a recommandé mardi de « réduire la contamination des denrées alimentaires par les huiles minérales », des dérivés d’hydrocarbures parfois cancérigènes présents dans de nombreux emballages notamment dans les encres et les adhésifs. Elle conseille notamment aux fabricants d’emballages de revoir leur « procédé de fabrication » pour utiliser des matières premières qui n’en contiennent pas. Les huiles minérales sont des mélanges complexes issus du pétrole, utilisés principalement dans les encres et adhésifs des emballages alimentaires en papier et en carton.
Des travaux en laboratoire ont montré qu’elles pouvaient migrer et se retrouver dans les denrées alimentaires sèches (pâtes, riz, lentilles…) contenues dans ces emballages. Deux catégories d’huiles sont mises en cause: les MOAH (mineral oil aromatic hydrocarbons) et les MOSH (mineral oil saturated hydrocarbons). Or il a été prouvé qu’au moins certaines MOAH sont cancérogènes et mutagènes (elles entraînent des altérations de l’ADN). Pour ces dernières, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail « estime qu’il est nécessaire de réduire la contamination (…) en priorité ».
De façon générale, elle recommande de mieux « déterminer la composition des mélanges d’huiles minérales », de réaliser des « études de toxicité supplémentaires » sur ces mélanges et d’obtenir des « données supplémentaires sur la contamination » des aliments par ces substances. « Dans l’attente », il faudrait dès à présent « limiter l’exposition du consommateur » en utilisant « des encres d’impression, colles, additifs et auxiliaires technologiques » sans MOAH dans la fabrication des emballages en papiers et cartons, juge l’Anses. L’agence sanitaire recommande d’appliquer le même principe de précaution « dans le domaine de l’impression », car « les journaux et autres supports imprimés » utilisés pour fabriquer papiers et cartons recyclés sont « les principales sources d’huiles minérales » dans ces derniers.
Elle encourage par ailleurs à « identifier, au cours du procédé de recyclage, les étapes (tri, fabrication de la pâte à papier, etc.) conduisant à l’introduction de MOH dans les emballages », pour pouvoir ensuite réduire cette contamination. Pour limiter la migration des polluants vers les aliments, l’Anses recommande aussi d’appliquer sur les emballages des « revêtements agissant comme des barrières », soit en matière plastique (PET, acrylate, polyamide etc.) soit à base d’amidon, une solution « en cours d’étude ». Aucune réglementation n’existe actuellement sur les quantités acceptables de ces huiles minérales dans les produits alimentaires. Mais l’agence sanitaire européenne (Efsa), dans un avis de 2012, indiquait que l’exposition à ces substances via la nourriture était « préoccupante ».
« L’avis de l’Anses confirme qu’il ne faut plus tergiverser. Les autorités publiques doivent protéger la santé des consommateurs par des mesures urgentes », a commenté Karine Jacquemart, directrice de Foodwatch France, dans un communiqué. Dans une pétition adressée à la Commission européenne, qui a recueilli plus de 122.000 signatures, l’ONG demande notamment que les « barrières » sur les emballages soient rendues obligatoires. En octobre 2015, Foodwatch avait alerté sur la présence d’huiles minérales dans 42 produits de grande consommation vendus en France. Six distributeurs – E.Leclerc, Carrefour, Lidl, Intermarché, Casino et Système U – avaient alors pris des engagements pour réduire cette contamination dans leurs produits.
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