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Bio : le gouvernement pas opposé au chauffage des serres

09.07.19

Le gouvernement s’est montré ouvert mardi au chauffage des serres, sous conditions, dans l’agriculture bio, à deux jours d’une réunion cruciale sur cette question qui divise le secteur.

Lors d’une réunion prévue jeudi, le Comité national de l’agriculture biologique doit se prononcer théoriquement sur la question du recours aux serres chauffées, mais la décision pourrait être reportée, « faute de consensus », selon Florent Guhl, directeur général de l’Agence bio, agence française chargée de développer ce type d’agriculture. Selon la Fédération nationale de l’agriculture bio (FNAB), les partisans et les adversaires des serres chauffées présents au sein de ce comité compteront un nombre de voix égal, si la décision est mise au vote. « Ce qui va faire pencher la balance, c’est clairement les voix de l’administration, les voix du ministre« , au nombre de quatre, selon la FNAB.

Ce comité est constitué de l’ensemble des acteurs de la filière bio. Or, le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume a déclaré mardi devant les sénateurs que le gouvernement n’était « pas opposé » au chauffage des serres en agriculture bio. « Nous ne sommes pas opposés au chauffage des serres, nous sommes contre la sur-transposition (des directives européennes, ndlr), mais nous sommes, et je suis, très opposé à la la contre-saisonnalité des fruits et légumes« , a-t-il dit en exposant la ligne gouvernementale.

Le règlement européen prévoit que la production biologique doit respecter les « cycles naturels » des saisons et faire une utilisation responsable de l’énergie. Le ministre répondait à une question du sénateur Joël Labbé (RDSE), qui fait partie de la centaine de députés et sénateurs ayant demandé à M. Guillaume de se prononcer « clairement » sur la question, dans une lettre ouverte parue mardi sur le site du Monde. En effet le ministre, ancien président du premier département bio de France, la Drôme, avait dit le 18 juin son opposition aux serres chauffées « à titre personnel« , pour « respecter les rythmes biologiques« .

Issue incertaine

Les acteurs historiques de l’agriculture bio sont opposés à la volonté de certains producteurs de fruits et légumes d' »industrialiser » la filière en chauffant les cultures sous serre, alors que ces derniers mettent en avant la demande toujours plus forte du consommateur et le fait que le règlement européen ne ferme pas explicitement la porte au chauffage des serres en agriculture biologique. Signe d’une issue incertaine, les deux camps ont poursuivi leur campagne, ces derniers jours.

Prônant une « tomate bio française dès le printemps », les partisans des serres chauffées, au premier rang desquels la FNSEA, les chambres d’agriculture et les coopératives, font valoir que « 78% de la tomate biologique présente dans les circuits longs de distribution en France est importée ». Ils se défendent de vouloir produire des tomates bio en hiver ou de discréditer le label bio mais s’opposent notamment aux « distorsions de concurrence » au sein de l’Europe qui pourraient résulter d’une interprétation de la règlementation européenne interdisant l’usage des serres chauffées. Cette pratique culturale « préventive », font-ils valoir, « permet d’utiliser moins de pesticides, dont le cuivre et d’augmenter l’efficacité du biocontrôle (insectes auxiliaires).

Le syndicat des Jeunes Agriculteurs demande ainsi de « maintenir le chauffage en serres bio, qui est un outil indispensable à la résilience des exploitations et à la réduction des produits phytosanitaires », mais « en imposant de respecter la saisonnalité des produits ». Outre leur opposition à la production de fruits et légumes hors saison, la Fédération nationale des agriculteurs biologiques (FNAB) pointe aussi le bilan carbone des serres chauffées. « Autoriser la vente de tomates bio dès le premier jour du printemps revient à autoriser de chauffer les serres bio pendant tout l’hiver à plus de 20 degrés, l’équivalent de 200.000 à 250.000 tonnes de fioul par hectare« , a déclaré Jean-Paul Gabillard, producteur maraicher et secrétaire national légumes à la FNAB.
Par Emmanuelle Trecolle pour AFP

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