Au début du mois, j’ai plongé pas très loin de Saumur à la Dive Bouteille, une foire viticole à nulle autre pareille. Dans ce salon, on cause vins nature, issus de raisins cultivés sans chimie, vinifiés aux levures indigènes et en toute sincérité. Cela fait un bail que ceux qui savent en sont, mais c’était une première pour moi, même si je bois de ce vin là depuis un moment déjà.
Initié il y a dix-huit ans par la vigneronne Catherine Breton, l’événement est orchestré depuis ce temps par Sylvie Augereau, forte plume œnologique qui s’est aussi mise aux vignes, et mène l’affaire avec une énergie et une gouaille contagieuses. Au commencement, la Dive était un rassemblement confidentiel, une poignée de vignerons illuminés, défenseurs de purs jus fermentés. La fête s’est un temps greffée sur le festival culinaire Omnivore à Deauville, avant de venir s’installer sur les bords de Loire, terroir natif de Sylvie et de bon nombre de ses compagnons de soif. Eparpillés dans les caves troglodytes de la maison Ackerman, un vaste et somptueux dédale taillé dans le tuffeau, ils étaient cette année quelques 220 vignerons, les pieds dans la roche et accoudés sur leurs tonneaux, pour faire goûter leurs meilleures quilles. Bourgogne, Loire, Champagne, Roussillon, Alsace, Jura, Beaujolais, Rhône, Provence, Bordelais, mais aussi Allemagne, Italie, Espagne et même Californie ou Australie, ils sont venus d’un peu partout.
Ambiance joviale et foutoir à souhait
Entre Angers et Saumur cette semaine là, il y n’avait pas moins de sept salons de vins. Mais c’est la Dive qui a fait exploser la barrique, avec « plus de 4000 visiteurs », selon les organisateurs. Et pour cause : même pour les néophytes amateurs de vins comme moi, un tel évènement est aussi grisant que rafraîchissant, sans moquette ni néon, sans blabla ni sponsor, mais dans une ambiance joviale et foutoir à souhait. On y sirote des vins qui perlent, bullent, frétillent, certains qui pètent et qui puent, qui doivent souffler longtemps pour se calmer et se laisser aimer. Mais aussi des jus bien balancés, qui sentent le soleil, la craie, l’iode, la groseille, le granit ou la fleur d’églantier. En tous cas, toutes sortes de vins vivants, qui ne laissent jamais indifférents et qui, aujourd’hui, font florès, sur nos tables comme ailleurs. Le public de la Dive est d’ailleurs à 50% étranger avec une majorité des négociants, cavistes, sommeliers, restaurateurs et vignerons divers. Et en prime des noms à dormir debout : le « coup de canon », « tout bu or not to bu », « le p’tit sans gêne », « c’est pas la mer à boire », « bibonade », « regard du loir », « ouf ! »… etc. L’ivresse vient avec ces titres décalés et parfois totalement sulfureux, mais qui ne se prennent jamais trop au sérieux. Et si la Dive c’est si bien, c’est aussi qu’on peut y faire de bons gueuletons, se réveiller avec un super petit noir de l’Arbre à café, et même tremper ses lèvres dans une superbe verveine à 40%, des nectars géorgiens vieillis sous terre, du saké, un pineau de derrière les fagots, une bière artisanale brassée dans les parages. Sans oublier de passer une soirée mémorable, une fois La Dive rebouchée, avec des vignerons en ébullition qui ont la ferme intention de refaire le monde, tout naturellement.
Cette chronique est illustrée par un dessin de Michel Tolmer extrait de « Mimi, Fifi et Glouglou. Dégustateurs de combat », Éditions de l’Épure 22,00€
Le livre de Sylvie Augereau (et Antoine Gerbelle) : « Soif d’Aujourd’hui, la compil des vins au naturel », Tana Editions 19,95€
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