Longtemps perçue comme une idée peut-être un peu fantaisiste, la permaculture séduit aujourd’hui les spécialistes de l’agriculture, comme en témoigne l’Institut National de Recherche Agronomique (INRA) au terme d’une étude qui aura duré quatre ans à la ferme du Bec-Hellouin. Un mode de production en accord avec la nature qui n’aura néanmoins pas attendu cette étude pour faire des adeptes.
Alors la permaculture, c’est quoi ? « Un cadre conceptuel souple visant à créer un réseau de relations bénéfiques entre tous les composants d’un écosystème, invitant à dessiner comme la nature », selon la définition qu’en donne l’Inra, autrement dit produire dans le respect des écosystèmes et en s’appuyant sur la nature plutôt que sur la chimie et la mécanique.
Un beau concept pour la terre et pour les hommes qui s’en nourrissent, mais économiquement est-ce que cela marche ? Et est-ce qu’il est possible d’en vivre? Oui, répond François Léger qui a mené l’étude pour l’Inra, en s’appuyant sur quatre longue années d’observation de la ferme du Bec-Hellouin, en Normandie.
Réalisée en conditions réelles de production et de vente, l’étude a été menée de 2011 à 2015. A partir des données récoltées, les modélisations montrent que, en fonction du niveau d’investissement et d’intensification, 1000 m2 dégagent un revenu horaire variant de 5,4 à 9,5 € pour une charge de travail hebdomadaire moyenne de 43 heures.
Une surface, relativement petite donc, mais cultivée avec le maximum de soin et de productivité (c’est là la clé de la réussite), qui permet de dégager un revenu agricole net mensuel correspondant, de 900 à 1570 € suivant le niveau d’investissement. Rien d’astronomique certes, mais des ressources néanmoins supérieures à celles couramment admises en maraîchage biologique diversifié.
Aujourd’hui, la ferme du Bec-Hellouin a fait des adeptes. Et notamment, Maxime de Rostollan de la Ferme de la Bourdaisière qui cherche à modéliser ce modèle gagnant avec le réseau des Fermes d’Avenir associé depuis peu au Groupe SOS, acteur clé de l’économie sociale et solidaire sur les territoires.
Ensemble, ils travaillent autour du concept de Payculteur à la création de deux nouvelles fermes, et d’une « grappe » de fermes en Moselle pour alimenter, entre autres, un réseau d’EHPAD avec l’objectif d’en créer une centaine. La permaculture semble donc avec de beaux jours devant elle …
Image de Une : Fermes d’avenir
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