Des blondes, des brunes, mais aussi des bière acides, à la coriandre et à la fleur de sel de Camargue… la micro-brasserie provençale Sulauze surfe sur la vague de la bière artisanale pour développer des breuvages « techniques » et complètement bio.
« Oaï », « Pan Pan Cul Cul », « Iglou », « Sournoise », des noms aussi colorés que les 18 bières qui les portent. La brasserie Sulauze en produit 500.000 litres par an. Dans cette gamme fournie, certains breuvages sortent du lot. « La bière Saison est brassée uniquement avec nos propres houblons et nos propres orges, cultivés sur nos terres comme on faisait avant, on la brasse une fois par an », explique Guillaume David, 32 ans, soulignant que « presque aucun brasseur ne fait sa matière première. »
Brassée avec leurs propre houblon
Les amis d’enfance Guillaume David et Julien Gondard, tous les deux 32 ans, ont lancé leur brasserie artisanale en 2012 après avoir commencé à brasser de la bière « pour nos amis, comme hobby, pour déconner ». Avant de se lancer, Guillaume avait passé plusieurs années dans le vin, puis dans l’immobilier, alors que Julien a travaillé pour Airbus. Leur objectif: brasser le plus possible avec leurs propres matières premières, malgré la difficulté de faire pousser du houblon en Provence – « parce qu’il a besoin d’eau, et pas de vent! »-, et être le plus écologique possible.
Pour cela, ils brassent des bières biologiques, en biodynamie et au feu de bois, avec du bois du domaine, « pour être cohérents dans la démarche écologique », affirme Guillaume, qui est également délégué régional du Syndicat national des brasseurs indépendants. Pour rester dans cet esprit, les pellicules d’orge et de blé servent à nourrir les cochons et les taureaux de combat espagnols élevés sur les terres qui les entourent, le domaine de Sulauze, près de Miramas (Bouches-du-Rhône), à une soixantaine de kilomètres de Marseille.
Ta mère nature
« Nos bières sont de fermentation basse et de longue maturité, non pasteurisées et non filtrées », précisent-ils. Les deux amis se laissent aller à des expérimentations et font léviter leurs bières en fût plusieurs mois, jusqu’à trois ans pour l’une d’entre elles, la Lambic, « une bière qui vient du monde des geeks de la bière », brassée surtout en Belgique. Ils ont appelé la leur « Ta mère nature », à l’étonnant goût aigre-doux et poussiéreux. Tendance, les deux amis le sont jusqu’au bout de la barbe: « Les bière IPA (India Pale Ale), qu’on voit partout, c’est presque déjà has been, la nouvelle tendance venue des Etats-Unis, ce sont les bières acides! », affirment-ils. Comme la Gose, un style de bière allemand médiéval, acide, fait avec du sel et de la coriandre.
« On est en Provence, donc on utilise de la fleur de sel de Camargue », glisse Julien. « On est les seuls à faire de la Gose en France ». Le Sud, terre de rosé et de pastis? Certes, « mais on y consomme beaucoup de bière ! », assure Guillaume, « même si en termes de bières artisanales, c’est surtout du côté de l’Italie que ça bouge beaucoup en ce moment, ils ont cinq ans d’avance sur la France ». La France n’est que le 26e pays consommateur de bière de l’UE, même si la consommation a renoué avec la croissance en 2015, après une trentaine d’années de baisse, avec notamment une percée des bières dites de spécialité, comme les bières d’abbaye ou les bières artisanales.
Les grandes manoeuvres sur le marché de la bière battent actuellement son plein, les géants de la bière industrielle essayant de se positionner au sein de la très populaire bière artisanale. En 2015, le néerlandais Heineken avait par exemple racheté le brasseur slovène Pivovarna Lasko et la moitié de l’américain Lagunitas. Il avait en outre pris le contrôle d’un producteur jamaïcain et d’un brasseur malaisien.
Partagez moi !
Vous pourriez aussi être intéressé par
Portrait Initiatives +
La biscuiterie Handi-gaspi, une entreprise innovante entre responsabilité sociale et environnementale
Portrait Boulangers boulangères (épisode 3/5)
Au pays du soleil levain
Portrait Le vigneron / la vigneronne du mois