Portrait 100% végétal
Trente ans après sa création, Sojasun est toujours dans l’air du temps
Une des premières marques à avoir lancé il y a 30 ans des produits à base de soja, Sojasun semble plus que jamais dans l’air du temps, à l’heure du « flexitarisme » et de la volonté de l’État de développer une filière de protéines végétales.
Créée en 1988 par un hasard de circonstances, la marque Sojasun, fleuron du groupe familial breton Triballat Noyal, qui emploie en tout 1.230 salariés, a toujours le vent en poupe. Ses yaourts et boissons à base de graines de soja, une légumineuse particulièrement appréciée pour sa forte teneur (36%) en protéines, sont produits sur le site de Châteaubourg (Ille-et-Vilaine), la matière première venant, elle, du Sud-Ouest, du Centre et de l’Est de la France.
Il y a 30 ans, le lancement de yaourts aux fruits à base de soja n’était pourtant pas une évidence, dans un contexte de toute puissance de la protéine animale. « Lors d’un salon, une personne a demandé à mes parents s’ils ne faisaient pas de lait de soja », a expliqué Olivier Clanchin, président de Noyal Triballat, lors d’une visite de presse du site de Châteaubourg. « Internet n’existait pas, on a trouvé une recette de boisson de soja chinois, et on a rapidement vu qu’on pouvait travailler cette protéine« , poursuit le dirigeant, qui s’est ensuite associé à d’autres industriels pour « normaliser le produit », notamment sur le taux de protéines. « Sojasun a initié les consommateurs, la marque fut la première et longtemps la seule à proposer des produits ultra-frais sans lait puis des produits traiteur sans viande à base de soja« , confirme Xavier Terlet, président du cabinet de conseil XTC World Innovation. Depuis, les produits à base de soja se sont démocratisés, du fait notamment de l’engouement des consommateurs pour des alternatives végétales aux protéines animales et pour des aliments moins nocifs pour l’environnement. Outre son apport protéinique, le soja nécessite en effet moins d’engrais et de pesticides que d’autres cultures.
« Un passage en caisse par seconde »
L’arrivée, par vagues successives, de nouveaux acteurs sur le marché, tels Danone, Alpro, Bjorg ou Herta, a quelque peu bousculé au fil du temps l’entreprise bretonne, même si celle-ci revendique « un passage en caisse par seconde » pour sa marque fétiche. D’une croissance de 10 à 12% dans les années 1990, Sojasun affiche depuis l’an 2000 une progression de 6 à 8% de son chiffre d’affaires, qui s’élève à 100 millions d’euros, soit 30% de celui du groupe. « Aujourd’hui tout le monde s’invite à la fête« , souligne Olivier Clanchin qui reconnaît un « coup de frein dans le développement de l’ultra-frais en début d’année dû à l’arrivée de nouveaux intervenants« . Une concurrence qui contribue néanmoins selon lui à « ouvrir un peu plus le marché » si bien que « demain, n’importe quel restaurant aura sur sa carte un plat végétal« .
Si l’approvisionnement en soja, 100% français et sans OGM, fut quelque peu difficile il y a dix ans, ce n’est plus le cas aujourd’hui. « En trois ans, la production de soja a été multipliée par deux, à 140.000 hectares (ha), et le potentiel en France est évalué à 250.000 ha pour 2025« , assure M. Clanchin. Malgré l’origine française des graines, l’absence d’OGM est contrôlée à quatre reprises dans la chaîne de production.
Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé en janvier la construction d’une « vraie filière protéines » végétales en France dans « les cinq ans à venir« , en particulier pour réduire la dépendance de l’alimentation animale aux importations de soja, Sojasun y voit la reconnaissance de son travail « pour amener une offre protéinique nouvelle sur le marché » et profite de la vague du « flexitarisme » qui consiste à ne consommer qu’occasionnellement de la viande et du poisson. Outre des burgers végétaux, le groupe lance cette année des yaourts à boire pour rajeunir sa clientèle. « Aujourd’hui, on est dans un ratio de 70-30 en faveur des protéines animales mais demain l’équilibre nutritionnel des ménages sera sans doute de 50-50« , prévoit Olivier Clanchin.
Par Hélène Duvigneau pour AFP
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