Portrait Agriculture urbaine

La Ferme du Bonheur : une oasis au milieu du bitume

10.07.18

Il y a des entreprises, des projets, des initiatives individuelles ou collectives autour de l’agriculture qui se conçoivent et s’énoncent facilement. Et il y en a d’autres, qui ne prennent tout leur sens que lorsqu’on les visite enfin. C’est le cas de la Ferme du Bonheur. Petit coin de paradis, petit coin de tranquillité, petite oasis agricole et poétique plantée là, en plein milieu des rails de RER de la gare de Nanterre, d’une bretelle d’autoroute et de chantiers bétonnés à perte de vue. 

Pour se rendre à la Ferme du Bonheur, il est indiqué qu’il est préférable de prendre le RER. Alors c’est ce que nous avons fait. Sortie souterraine. Allée de l’université de Nanterre. Tout au bout, à droite. Nous y sommes. Derrière une rangée de voitures, entre deux vignes, une grande porte en bois surplombée d’une cloche en bronze nous invite à rentrer. 

Des animaux et des hommes 

A peine avons-nous franchi le pas de la porte, que l’ambiance extérieure est déjà bien loin. Immédiatement, on s’imprègne de cette odeur de terre, de plantes et d’animaux de basse-cour. On tombe vite sous le charme de cet endroit pur de poésie et de permaculture. Animaux et individus de toutes origines font vivre la ferme au gré des saisons. Sur notre route on a croisé une cochonne baptisée « Sylvia Berlusconia », des poules, des oies, des lapins, une maman paon et ses petits, des moutons, un corbillard hippomobile, deux woofeuses venues des pays germaniques, un marocain sans-papiers et déprimé de Paris…enfin, une belle communauté quoi.

Au mitan de la ferme, le théâtre. La pièce maîtresse. Celle qui a vu naître la ferme. Là, on y déclame des nouvelles de Dostoïevski, de Giono, des extraits d’écrits politiques ou essais radiophoniques de Jean Genet, des poèmes de Walt Whitman etc.

Après avoir déjeuné, les gens s’affairent tranquillement à leurs activités respectives. Arrosage du jardin pour Léo, travaux manuels au champ pour les hommes forts, entretien du PRE (Parc Rural Expérimental) pour Ella et Joséphine…

 

Nous suivrons les deux woofeuses, une Allemande et une Autrichienne, jusqu’au champ de la Garde, à un ou deux kilomètres de la ferme. C’est là bas que  le PRE est installé. 4 hectares de terrain sur le toit d’une autoroute où poussent plus de 150 espèces de plantes dont certaines sont en voie de disparition en Europe.

Roger Des Prés, un homme d’avant-garde

Pour mettre sur pieds cette sorte de gigantesque grange toute équipée en constante mutation et ce champ de la Garde, il aura fallu des mains bien sûr, mais aussi et surtout un homme. L’homme à l’initiative de ce projet d’agro-poésie créé depuis plus de 25 ans, c’est Roger Des Prés. « Communiste pratiquant non-croyant », amorce-t-il en guise d’introduction. Un homme qui ne marche jamais sans son berger allemand, Angelo et inversement. Un homme de théâtre qui aime à dire qu’il oeuvre dans une démarche politique plutôt que « sociale ». Et surtout un avant-gardiste de l’agriculture urbaine.

Entre deux bouffées de cigarettes, nous auront enfin notre interview. L’homme a changé d’accoutrement pour l’occasion. Il a enfilé son béret feutré, ses lunettes « américaines » comme il les nomme et a sauté dans sa brouette. On vous laisse découvrir ce lieu fantasque en images.

La Ferme du Bonheur est ouverte à tout le monde tous les dimanches après-midi.

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