Les opposants au barrage de Sivens ont amplifié mardi leurs actions de guerilla militante dans le Tarn tandis que sur le site du projet contesté, les gendarmes s’employaient à déloger chacun des militants perchés dans de grands arbres.
A Lisle-sur-Tarn près de Gaillac, le déboisement avait débuté le 1er septembre sur le site de la future retenue. Mais il a donné lieu, depuis, à des heurts sporadiques entre forces de l’ordre et opposants, bien décidés à empêcher la destruction de la zone humide du Testet, un réservoir de biodiversité de 13 hectares.
Mardi matin, les forces de l’ordre ont dû évacuer par la force les locaux du Conseil général à Albi, envahis par plusieurs dizaines d’adversaires du projet, a constaté une correspondante de l’AFP. L’un des manifestants a été placé en garde à vue, soupçonné d’avoir asséné « un coup de tête volontaire » à un commandant de police, selon le directeur départemental de la sécurité publique, Pierre-Marc Panazio. L’officier a eu le nez cassé, a précisé une source policière. L’évacuation s’est faite de façon musclée, alors que les manifestants s’agrippaient les uns aux autres, assis par terre. Le président du groupe Europe Ecologie Les Verts au conseil régional, Guillaume Cros, s’est plaint dans un communiqué d’avoir été « molesté, insulté et expulsé par les forces de l’ordre« .
Les manifestants exigent un « arrêt immédiat des travaux de déboisement » sur le site du projet de barrage-réservoir d’1,5 million de m3 d’eau stockée. Sur les murs du conseil général, qui porte ce projet, ils avaient tagué « ZAD (zone à défendre) partout » ou encore « Carcenac responsable criminel ». Le président PS du conseil général, Thierry Carcenac, se trouvait à Paris pour y rencontrer la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal. Dans un communiqué, M. Carcenac a annoncé qu’une plainte serait déposée « contre les auteurs de ces actes inqualifiables« . Il les a accusés d’avoir « détruit tout ce qui était à leur portée », agressé des personnes et développé des « contre-vérités » sur le projet. Les élus régionaux écologistes ont rétorqué qu’ils tenaient Thierry Carcenac « pour responsable » de la radicalisation du mouvement. Ils lui ont de nouveau demandé « de respecter les recours devant la justice en décidant d’un moratoire » sur le déboisement.
Trois heures pour se faire déloger d’un chêne
Au même moment, dans la forêt de Sivens, des gendarmes mobiles (de la Cellule nationale d’aide à la mobilité) s’employaient à faire descendre les écologistes installés dans des arbres, a indiqué un responsable de la gendarmerie. « Je me suis fait déloger de ma plateforme située à 18 mètres de hauteur, dans un grand chêne, mais il leur a fallu trois heures », a témoigné Camille, 30 ans, joint par téléphone. Ce militant écologiste occupait les lieux depuis la fin août pour, a-t-il dit, « défendre la forêt et la démocratie contre les projets imposés« . Vers 17 heures mardi une vingtaine de machines continuaient d’abattre des arbres, plus d’un millier sans doute en huit jours, qui jonchent le sol de l’ancienne forêt, désormais sévèrement amputée, a constaté un journaliste de l’AFP. Les bûcherons travaillent sous la protection des gendarmes qui restent maîtres du terrain au prix de heurts répétés avec une trentaine d’écologistes, opposant les grenades lacrymogènes aux projectiles divers des opposants.
Le porte-parole du collectif Sauvegarde de la zone humide du Testet, Ben Lefetey, a déploré la poursuite du déboisement, alors que Mme Royal avait annoncé lundi l’envoi d’experts pour évaluer le projet. « Les travaux doivent cesser immédiatement et au moins jusqu’aux conclusions de ces expertises« , a-t-il demandé. Le même jour, les militants ont mis en scène la destruction symbolique d’un barrage similaire, construit il y a 17 ans entre Carmaux et Gaillac, mais qui selon eux n’a pas d’existence légale. Quant au député de la circonscription, Jacques Valax (PS), il s’est dit, toujours aussi déterminé à soutenir la construction du barrage de Sivens « attendu depuis plus de 25 ans« . Le projet « prévoit notamment de reconstituer 20 ha de zones humides (…) pour compenser les 13 hectares de zones humides effacés par le projet« , a-t-il argumenté. Les opposants répondent qu’une « zone humide » est le fruit d’un très long processus naturel et dénoncent le coût global de construction du barrage, à 8,4 millions d’euros.
Lisle-sur-Tarn (France), 9 sept 2014 (AFP) –
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