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Le lait équitable, une recette profitable en Europe, mais encore confidentielle
La production de lait équitable en Europe, permettant de rémunérer correctement les éleveurs soumis à des aléas économiques et climatiques, s’étend petit à petit sur le continent mais demeure encore marginale rapportée à la production globale de lait de consommation.
Le European Milk Board, syndicat européen de petits producteurs qui représente 100.000 agriculteurs, reconnaît sur son site des démarches de lait équitable dans sept pays européens: Belgique, Luxembourg, France, Allemagne, Autriche, Italie, et, dernière en date, la Suisse. La production reste toutefois limitée par rapport à celle des réseaux de laiteries industrielles ou coopératives. « En Belgique, on va atteindre un litre de lait équitable par habitant (par an), soit dix millions de litres de lait équitable« , indique à l’AFP Erwin Schöpges, éleveur belge et président du European Milk Board, qui précise que la consommation représente environ 60 à 70 litres par habitant. Au Luxembourg, on atteint selon lui les deux litres par habitant de lait équitable.
En France, la production de laits équitables (vendus notamment sous les marques « Faire France », « Mont Lait », ou « C’est qui le patron?!« ), était estimée récemment à 60 millions de litres par la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), soit une goutte de lactose dans l’océan des 3 milliards de litres de lait de consommation produits et vendus chaque année dans l’Hexagone. « Le pourcentage augmente tout le temps, mais on a quand même des difficultés. La grande distribution ne joue pas toujours le jeu. Elle prend ces laits équitables, mais juste pour se couvrir et montrer aux citoyens regardez, on soutient un projet des agriculteurs, et après le citoyen a beaucoup de mal à trouver notre produit en rayon« , peste M. Schöpges.
Tenir compte des coûts de production
Il craint par ailleurs que l’élan du lait équitable ne soit mis à mal par une concurrence déloyale: il met en cause l’utilisation du terme « équitable » comme outil marketing par de nombreux laits venant de différentes régions d’Europe, qui rémunèrent bien leurs producteurs au-dessus du prix moyen, mais sans leur permettre de couvrir leur coûts de production. « Si on ne paye que 38 ou 35 cents au producteur, l’agriculteur va être content parce qu’il va toucher quelques cents en plus du marché, mais si on veut que tout le monde soit rémunéré correctement dans la chaîne, il faut tenir compte des coûts de production« , argumente-t-il. Sinon on risque de tirer les prix des laits dits équitables vers le bas, et « tout le monde serait perdant« . Jean-Luc Pruvot, président de FaireFrance, pionnier du lait équitable en France qui a produit 9,15 millions de litres l’an dernier, évoque aussi la concurrence des laits qui surfent sur la mode du consommer local. « Par moments, il y a des laits de régions qui rémunèrent moins les éleveurs qu’un lait normal« , dénonce-t-il auprès de l’AFP. « Consommer local, si les éleveurs ne sont pas rémunérés, ça n’a aucun intérêt. »
Par Nicolas Gubert pour AFP
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