Le Premier ministre indien Narendra Modi a condamné jeudi la série de lynchages de musulmans commis ces derniers temps dans son pays au nom de la protection de la vache, considérée comme sacrée dans l’hindouisme. « Tuer des gens au nom du culte de la vache n’est pas acceptable », a déclaré le dirigeant nationaliste hindou lors d’un discours à Ahmedabad, au Gujarat, État de l’ouest de l’Inde dont il est originaire et qu’il a longtemps dirigé.
Le pays de 1,25 milliard d’habitants vit depuis près de deux ans au rythme de lynchages réguliers de musulmans, et parfois de membres de la communauté dalit –les « intouchables »–, commis par des milices autoproclamées de protection des vaches. Au moins dix musulmans ont été lynchés ou tués en public depuis avril en Inde. Disert par ailleurs, Narendra Modi reste étrangement silencieux sur ce sujet, sur lequel il ne s’était pas exprimé depuis près d’un an. Ses détracteurs l’accusent, au mieux, de fermer les yeux sur ces crispations politico-religieuses et voient dans ces violences une manière de la majorité hindoue d’imposer sa loi aux minorités de la mosaïque du peuple indien. « Personne dans n’a le droit de prendre la loi entre ses mains dans ce pays. La violence n’a jamais été et ne sera jamais un moyen de résoudre le moindre problème », a dit M. Modi.
Cette déclaration survient quelques jours après un nouveau meurtre de musulman, poignardé à mort dans un train en partance de Delhi. Junaid Khan, 15 ans, et ses compagnons de voyage avaient été accusés par leurs agresseurs de transporter de la viande bovine – dont la consommation est considérée comme blasphématoire par nombre d’hindous. La police a interpellé quatre hommes pour cette agression tandis que le principal suspect a été identifié mais est encore en cavale. Mercredi, des manifestations se sont tenues dans plusieurs grandes villes d’Inde autour du slogan « Not in my name » (Pas en mon nom) pour protester contre ces lynchages.
Les groupes de défense des droits de l’homme ont dénoncé une culture d' »impunité » envers les responsables de ces crimes et appelé le gouvernement nationaliste hindou à sévir. « Le schéma des crimes de haine commis contre les musulmans avec une apparente impunité (…) est profondément inquiétant », a déclaré Aakar Patel, directeur exécutif d’Amnesty International en Inde, dans un communiqué cette semaine.
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