Malgré les « importants progrès » réalisés en dix ans, durant lesquels 100 millions de personnes ont été sauvées de la faim dans le monde, plus de 800 millions en souffrent toujours: « nous pouvons faire beaucoup plus et bien mieux », a estimé mardi la FAO.
Selon un rapport rendu public mardi, le monde compte environ 805 millions de personnes souffrant de la faim, soit 100 millions de moins qu’il y a dix ans, et 209 millions de moins qu’il y a 20 ans. « Ces succès » ne doivent pas faire oublier l’objectif que les Nations Unies s’étaient fixé en 2000, soit réduire de moitié la proportion de personnes souffrant de la faim dans les pays en développement d’ici 2015, a lancé José Graziano da Silva, directeur général de l’Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO).
Lors d’une conférence de presse à Rome, M. da Silva a estimé que « grâce aux efforts conjoints de tous, et notamment des trois organisations basées à Rome (FAO, Programme alimentaire mondial, Fonds international de développement agricole, ndlr), ensemble, nous pouvons faire beaucoup plus et bien mieux ».
Le pourcentage de personnes en état de sous-alimentation est passé au cours de la dernière décennie de 18,7% à 11,3% de la population mondiale. C’est encore plus flagrant dans les pays en développement, où cette proportion est passée de 23,4% à 13,5%.
Les progrès réalisés masquent cependant de profondes disparités régionales. Parmi les bons élèves cités par la FAO, le PAM et le FIDA, co-auteurs de ce rapport annuel, le Malawi, « grâce à un gros investissement dans l’agriculture, a diminué la part de sa population souffrant de la faim de 45 à 20%« . Dans un pays où 84% de la population vit dans les campagnes, les efforts faits par ce petit pays africain ont notamment permis une forte augmentation de la production de maïs.
« Même si la malnutrition et des retards de croissance affectent encore la moitié des enfants de moins de 5 ans« , a cependant souligné Ertharin Cousin, directrice générale du PAM.
Engagement politique fort
« Il nous faut donc intensifier nos efforts en direction des populations les plus isolées« , car en Afrique sub-saharienne notamment, « une personne sur cinq souffre encore de la faim« . Un « engagement politique fort » en faveur de l’éradication de la faim a donné des résultats particulièrement satisfaisants en Amérique latine, où les progrès ont été les plus sensibles.
Ainsi, au Brésil: « la famine n’existe plus« , s’est félicité M. Graziano da Silva, « grâce à une politique nationale cohérente » qui s’est maintenue « malgré les changements de gouvernements« .
De même, en Bolivie, « le gouvernement a ciblé les populations autochtones et obtenu de très bons résultats« , a souligné le directeur général de la FAO.
L’Asie, continent de loin le plus peuplé du globe, accueille sans surprise deux personnes sur trois en état de sous-alimentation dans le monde. « Ces personnes touchées par la faim n’ont ni besoin de pitié, ni de charité, mais de sécurité pour travailler et cultiver leurs terres« , a relevé quant à lui le vice-président du FIDA, John McIntire. « Notre souci, c’est de mettre en place un environnement porteur, en faisant entendre la voix des plus pauvres auprès des politiques, en développant une approche participative des populations, en renforçant par exemple les communautés agricoles ou les groupes de femmes« , a-t-il souligné. Ainsi, la réduction des prix alimentaires, « si elle est une bonne nouvelle pour les pauvres n’en est pas une pour les agriculteurs« , a précisé M. Graziano da Silva.
Selon Mme Cousin, « pour atteindre la « faim zéro », le plus grand défi consiste à affronter « les conflits qui se transforment en crises alimentaires, comme c’est le cas en Irak, en Syrie, en Soudan du Sud et en Centrafrique« .
Ainsi, en Irak, les jihadistes de l’Etat islamique (EI) « contrôle deux des plus gros centres de distribution de blé », a-t-elle précisé.
Par ailleurs, « l’urgence sanitaire due au virus Ebola, qui affecte la Guinée, le Nigeria et le Sierra Leone », est en train de se transformer aussi en crise alimentaire touchant 1,3 million de personnes. Les personnes malades ou mises en quarantaine ne sont pas en train de récolter leur champs et, a-t-elle prévenu, « l’impact de cette absence de récolte sera considérable« .
Rome, 16 sept 2014 (AFP) – Laure BRUMONT
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