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« Humus » : l’agriculture, dans la dernière ligne droite pour le Goncourt
Une fois n’est pas coutume, les jurés du Goncourt pourraient être amenés le 7 novembre prochain à attribuer leur prestigieux prix littéraire à un roman dont l’intrigue porte essentiellement sur le combat des anciens et des modernes dans un monde agricole en transition (trop) lente.
Gaspard Koenig est une plume singulière car peu encline à se laisser emporter par un genre qui briderait sa créativité. « Humus » est-il une fiction ? Une auto-fiction d’anticipation ? Un docu-fiction ? Un argumentaire politique ? Un peu tout ça, certainement parce que son auteur est un multi cartes pluriactif. Un jour plume de Christine Lagarde, le lendemain enseignant les principes du libéralisme à Sciences-Po Paris, il peut parcourir 2.500 kilomètres à travers l’Europe avec sa bien nommée jument Destinada, comme créer un parti politique et se présenter aux élections présidentielles.
Il peut aussi être membre des Young Leaders de la French-American Foundation comme Kevin, l’un des personnages principaux de » Humus ».
Dans cette dernière ligne droite du Goncourt, son couronnement serait une petite révolution au regard de ses concurrents Jean-Baptiste Andrea, Veiller sur elle (L’Iconoclaste), Dominique Barbéris, Une façon d’aimer (Gallimard), Laure Murat, Proust, roman familial (Robert Laffont), Éric Reinhardt, Sarah, Susanne et l’écrivain (Gallimard), Antoine Sénanque, Croix de cendre (Grasset), Neige Sinno, Triste Tigre (P.O.L) et Jean-Philippe Toussaint, L’Échiquier (Éditions de Minuit), tous autrices et auteurs professionnels habitués des prix littéraires.
Non seulement Gaspard Koenig ne fait pas partie de cette famille, mais il développe dans « Humus » une intrigue où politique agricole et développement économique, dans le cadre de la transition écologique, sont au centre. L’histoire d’une amitié entre deux anciens d’AgroParisTech est certes touchante, mais c’est surtout leurs deux parcours divergents avec deux visions radicalement opposées de la société qui produit cette tension permanente au grès des chapitres successifs consacrés à l’un, puis à l’autre.
« Humus » n’évoque que de manière anecdotique l’intime. Son propos est définitivement sociétal avec la terre et les sols abîmés comme source primaire des conflits à venir, ceux qui nous mettront en face de l’enjeu le plus majeur : nourrir près de 10 milliards d’humains en 2050. À la mode réformiste lente ? Ou serons-nous sauvés par la Start-up Nation ? Une réponse possible conclut « Humus », et pas des plus consensuelles.
« Humus » par Gaspard Koenig
Les Éditions de l’Observatoire
380 pages / 22€
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