Comme l’a souligné hier Edouard Philippe, le nombre de spécialistes auto-proclamés qui savent tout sur tout sur les réseaux « pas très sociaux », selon son expression, est devenu impressionnant. Il va falloir bientôt y ajouter les innombrables propositions #lemondedapres qui vont nourrir de sérieux syndromes déceptifs de post-confinement à la lumière des malheureuses réalités socio-économiques qui s’annoncent.
Et oui, n’en déplaise à certains qui ont voté contre ; le 11 mai, le déconfinement ne sera pas le jour du grand soir. Nous retrouverons les prédictions de nos politologues de toujours : Christophe Barbier n’aura pas troqué son écharpe-doudou rouge contre une verte et Jean-Michel Aphatie ne saura sans doute pas encore vraiment comment distinguer un faux compte sur Twitter. Le 11 mai, la FNSEA évoluera toujours à deux à l’heure, il est probable que les français continueront de faire leurs courses massivement au supermarché, et peut-être même continueront-ils à augmenter leur consommation de viande comme actuellement, obligeant L214 à embaucher un sociologue de plus dans son équipe pour décrypter le phénomène.
Malgré tout, nombre d’idées liées à notre future façon de cultiver, produire, transformer, distribuer et consommer fleurissent sous la bannière #lemondedapres. Les acteurs de cette métamorphose visent, dès le 11 mai, un même objectif : rebattre les cartes à la lumière d’une nécessaire transition écologique. Et pendant que Air France vérifie la porte opposée et s’assure qu’aucun bagage n’encombre les issues de secours, tous ces penseurs philosophes idéologues idéalistes visionnaires se regroupent avec l’idée d’organiser une immense consultation qui pourrait s’appeler, par exemple, les États Généraux de l’Alimentation.
C’est vrai que ça aurait de la gueule en cette période des « États Généraux ». Ah… quoi? Pardon, désolé, on me dit dans l’oreillette qu’un certain Stéphane Travert a déposé les droits d’auteur et qu’il demande très cher pour être le show runner d’une Saison 2. Surtout que, notre ancien Ministre de l’Agriculture a bien noté que dans #lemondedapres, on allait ajouter quelques millions de chômeurs aux près de dix millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté répertoriés par l’INSEE. Et dans ces conditions, on se demande bien pourquoi, mais il n’est pas très enclin à passer ses vacances avec Michel-Edouard Leclerc pour savoir s’il peut faire encore moins cher que moins cher, sans parler des séjours sous la canicule à Intermarché à calmer les promos de pâtes à tartiner.
Alors vous me direz, qu’il n’est pas besoin d’ajouter du cynisme à la crise, et qu’on a bien besoin de rêver un peu ce monde d’après. Mais malheureusement, réalisme et responsabilité nous amènent à penser que dans #lemondedapres, il est fort probable que la réalité économique rattrape durement les penseurs de tous bords et particulièrement la génération responsable de la situation actuelle, que la pudeur et l’humilité devraient logiquement réduire au silence. Penser #lemondedapres devrait définitivement se faire sans eux, avec d’autres méthodes inventées par #LaNouvelleVague.
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