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Le pack ne doit pas être le support des fantasmes sécuritaires
Oui le consommateur veut de la transparence, oui le consommateur veut de l’éthique, oui le consommateur veut le plaisir, la santé, la sécurité, la praticité et oui le consommateur veut aussi des prix bas. Le consommateur reste cet être complexe dont il est difficile de comprendre le comportement et les choix parce qu’il peut vouloir selon la circonstance, le moment ou l’usage, une chose et son contraire.
Et force est de constater que certains moyens aujourd’hui utilisés pour répondre aux légitimes attentes et interrogations de ce consommateur manquent de subtilité. On assiste ainsi à une cacophonie « on-pack » qui va à l’inverse du but affiché, qui déboussole plus qu’elle ne guide. NutriScore, FrancoScore, Note Globale, labels officiels et autres, indications d’origine, mention « sans », garantie de juste prix, de commerce équitable ou de bien-être animal qui viennent s’ajouter aux mentions légales que sont les informations nutritionnelles et les ingrédients… n’en jetez plus le pack est plein, le consommateur est d’ores et déjà perdu.
Et cette confusion, à l’évidence, profite à ceux qui justement veulent s’affranchir des bonnes réponses à apporter au consommateur. Trop d’infos tuent l’info. Trop de scores, trop de notes, trop de labels tuent les scores, tuent les notes, tuent les labels… Alors oui le consommateur doit avoir à disposition l’information qu’il lui faut en fonction de ses motivations et ses choix. Mais de grâce, laissons tranquille le packaging déjà surchargé et laissons les industriels ou les distributeurs libres de leur choix marketing et de valorisation de leur produit.
Arrêtons les incantations, les obligations voire les menaces si l’on n’affiche pas son score, sa note ou son origine sur ses produits. Les moyens d’accès à cette information ne se limitent pas au seul packaging. Le pack ne doit pas être le support des fantasmes sécuritaires des uns et des autres, ce n’est ni l’intérêt des industriels, ni des distributeurs, ni des consommateurs. Il faut savoir résister à cette mode du moment. Laissons en effet les pouvoirs publics légiférer, la justice condamner et les associations de consommateurs ou autres dénoncer les erreurs, les abus, les tricheries. Ne jetons pas inutilement l’opprobre sur les entreprises et leurs collaborateurs.
Un plat cuisiné de moyenne gamme, seulement fabriqué en France avec des ingrédients d’ailleurs, introuvables ou trop chers chez nous, est-il à ce point non éthique qu’il faille ostraciser son fabricant qui, sur son marché, répond à une attente de prix bas, crée de la valeur et dans son territoire crée de l’emploi ? De la même manière, un délicieux Pont l’Évêque aux 300 kcal aux 100g, forcément mal « scoré », est-il suspect au point de décourager ou culpabiliser le consommateur en affichant cette note disgracieuse sur son pack ?
Tous les désirs et revendications exprimés ou non par le consommateur sont légitimes. La réponse doit être apportée avec mesure et avec finesse. C’est l’expertise justement des professionnels du marketing et de la communication que d’apporter cette subtilité nécessaire et c’est du devoir des autorités et de la profession que de mettre en place les moyens d’information contrôlée et accessibles simplement par le consommateur.
Manger doit toujours être un plaisir. Un plaisir qui doit être garanti en termes de santé, de praticité, d’éthique écologique et citoyenne … c’est cette alchimie qu’il convient de savoir communiquer au consommateur. Et cela peut se faire autrement que par un abus de notes et de mentions sur un pack.
Virginie Becquart et Xavier Terlet, dirigent ProtéinesXTC
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