Une exposition sur le café qui s’intitule « Café In », soyons honnête, ça sent le marketing cramé années 70. Si on vous dit qu’en plus on n’y boit pas de café et que c’est à Marseille, vous partez dare-dare réserver pour le Salon du chocolat. Et c’est là où vous êtes Out, parce que le Mucem présente à partir de demain un parcours où vous allez vous régaler, pour peu que vous aimiez l’histoire, la géographie, la politique, l’économie et les arts, bref, la vie concentrée en expresso.
Il y a pléthore de pièges. On peut verser dans l’exposition la plus didactique qui soit comme dans le parcours superficiel, se prendre les pieds dans le tapis des esthétiques brillantes avec force convocation de graphistes, peintres, photographes et cinéastes ne renvoyant que des images magnifiques, le tout entrelardé de quelques vidéos et animations à destination des classes de SVT pour faire bonne mesure pédagogique. Le succès de ce type de projet, d’ailleurs jamais tenté à une telle échelle à ce jour, ne repose que sur le fil ténu d’un savant équilibre du fond et des formes. Et bingo, c’est bien ce que Jean-Michel Djian, le Commissaire général, a réussi. Une exposition où il est vraiment très difficile de s’ennuyer quel que soit son âge ou sa culture pour peu que l’on ait le goût du café sur le bout de la langue. Mais comme c’est la deuxième boisson bue dans le monde après l’eau, ce paramètre là laisse une marge quantitative de visiteurs non négligeable.
La scénographie de Jacques Sbriglio est maligne en jouant beaucoup sur l’idée que le café est avant tout un endroit convivial qui fut longtemps le premier des réseaux sociaux dans nos contrées occidentales avant de se faire starbuckisé et nespressuré. Côté contenus, Café In va jusqu’au bout dans le décryptage de rouages bien plus complexes qu’on ne l’imagine, d’une machine de production et de distribution qui ne se conçoit que planétairement.
Pour arriver à bout du phénomène, il faut 1 000 m2 et cinq séquences, dont l’une particulièrement passionnante. Elle part du principe simple que l’on ne déguste pas son café de la même manière au Caire, à New-York, Sao Paulo, Paris ou Cuba. Et pour dépasser les seules différences géo-culturelles, quoi de mieux que de demander à des auteurs de nous livrer un bout d’imaginaire que leur suscite l’évocation de cette boisson unique? « Chez moi, nous étions tous accros au café depuis la naissance. Quand j’étais bébé, ma grand-mère plongeait ma tétine dans la tasse fumante, puis elle me la mettait dans la bouche, et moi je suçais, suçais et absorbais cette saveur troublante. Plus tard, ma mère ajoutait toujours quelques gouttes de café au biberon, histoire de changer le goût du lait et de couper la crème. » Zoé Valdés est ainsi l’une de ces auteurs qui ,comme Douglas Kennedy ou Yves Simon, viennent donner à cette exposition une autre dimension que la boisson sa vie son oeuvre : celle hautement sensible des humains qui la boivent.
Bon, si on vous dit que tous ces textes et bien d’autres sont publiés dans un magnifique catalogue coffret, que samedi à 15h c’est le départ de la course des garçons de café, que dimanche, l’immense Pierre Gagnaire vient faire ses créations culinaires caféinées, que chaque vendredi jusqu’au 21 janvier, c’est l’université populaire du café, et que le 17 novembre c’est Café chantant, vous êtes définitivement In ? Alors, c’est bath !
Exposition ouverte tous les jours sauf le mardi de 11h à 19h
Plus d’informations sur le site du Mucem et au téléphone : 04.84.35.13.13
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