Chronique Edito

Sonder pour ne rien dire

07.11.16

L’alimentation n’échappe pas aux marchés dragués par les Instituts de sondage. Comme dans d’autres domaines, ou plutôt, plus que dans d’autres secteurs, ils sont passés maîtres dans l’art de l’enfonçage de portes ouvertes. En témoigne ce sondage commandé par la Fondation Carasso (du nom des fondateurs de Danone) publié aujourd’hui et qui nous apprend que les français voudraient consommer plus « durable ».

Et donc 55% des français décident de leurs achats alimentaires en fonction du prix. C’est du moins ce que dit aujourd’hui le sondage Ipsos commandé par la Fondation Carasso. Pour OpinionWay, un an plus tôt, c’était 66%. Mazette! Une marge d’erreur de 20% ou les français ont-ils retrouvé un pouvoir d’achat en plein essor?

À moins que Ipsos, en faisant ce sondage uniquement par internet et, au passage, l’économie de l’enquête de terrain, ait oublié quelques sondés paumés avec leur ridicule budget alimentation au fin fond d’un hypermarché de banlieue glauque. Ou, pour éliminer tout procès d’intention au vénérable Institut, les pauvres ne diraient pas tout à fait la vérité. Non qu’ils aient plaisir à mentir à un enquêteur bien intentionné mais que leur minimum de dignité leur interdise de mettre leur situation sociale en avant à tout bout de champ.

Bref, si on vous demande si vous êtres prêt à consommer mieux pour une meilleure santé par exemple, pourquoi répondre négativement? On apprend aussi dans ce sondage que 68% des français sont prêts à acheter plus souvent des fruits et légumes présentant des défauts ou abimés, afin de réduire le gaspillage alimentaire. On imagine la scène de l’enquêteur qui demande à un sondé s’il est prêt à réduire le gaspillage alimentaire et que celui-ci réponde « Pas du tout, j’adore gaspiller! ».

Fort heureusement, on avoue quand même dans ce sondage que les bonnes intentions sont très limitées puisque le prix constitue le frein de loin le plus important à l’achat de produits issus d’une agriculture responsable (83% des personnes). Aujourd’hui, et n’importe quel médecin généraliste peut en rendre compte (évitons une nouvelle enquête), l’alimentation est l’un des plus grands discriminateurs sociaux. Et payer des Instituts de sondage pour prouver que les français qui ont quelques moyens financiers s’attachent à consommer local et bio pendant que les autres y aspirent relève au mieux de l’argent mal dépensé, au pire de la vaste fumisterie.

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