Chronique Edito

Lactalis ta mère

13.01.18

Il n’aura pas fallu moins d’un Ministre de l’Agriculture, d’un Ministre de l’Économie et, in fine, du Président de la République pour siffler la fin de la retraite d’Emmanuel Besnier, PDG du Groupe Lactalis, qui pense que le secret des affaires a un intérêt supérieur à une politique de santé publique.

Notre Président, champion du monde des symboles s’exprimait de Rome, Cité pleine de matière grâce et a compris que s’agissant de lait pour bébé, il fallait montrer C’est qui le patron? (marque de lait dont les consommateurs déterminent le prix – NDLR). On imagine assez bien la scène. Le Président en plein Conseil Européen restreint à Rome sort de ses gonds et demande à parler à ce chef d’entreprise qui entend régler les problèmes de santé publique tout seul dans son coin et faire la nique aux autorités publiques. Et sa conseillère pour l’agriculture de lui répondre : « Vous savez Monsieur le Président, il ne prend jamais personne au téléphone, même Christiane Lambert, Présidente de la FNSEA vient de dire dans un Communiqué de presse qu’elle allait le rencontrer, mais que le rendez-vous n’était pas calé. Et souvenez-vous, Monsieur le Président, au plus haut de la crise du lait en 2016, Stéphane Le Foll se plaignait de ne pouvoir le joindre.« Sûr que l’argument a fait mouche et Emmanuel Macron a donc envoyé au front Bruno Lemaire. On apprend alors qu’ Emmanuel Besnier a bien passé une heure à Bercy mais qu’il est rentré par une porte dérobée. Et, « dérobé », pour un gars comme lui, ça semble être un mode de vie. Personne n’a voulu nous dire comment il était reparti, sans doute par téléportation.

N’ayant pas d’informations, on imagine donc Emmanuel Besnier comme le patron des méchants de tous les James Bond de la première heure. Enfermé dans son bureau, caressant un chat angora blanc avec une main gantée de cuir noir et donnant quelques ordres pour faire fructifier son empire déjà fort de 5,4 milliards de litres de lait collecté auprès de 15 000 exploitations et des 15 000 salariés qui en (sur)vivent. Alors, Christiane, franchement, si tu arrives à rentrer dans le bureau de E.B. et que les deux sbires à l’entrée ne t’ont pas piqué ton portable, fais nous une petite caméra cachée. Pas pour Milk Closer ou Lait Match mais pour nous, pour que l’on comprenne pourquoi une telle machine industrielle, en 2018, peut décider seule de ce qu’elle fait d’un produit qui n’est pas une inutile lasagne à la viande de cheval, mais bien le symbole de ce qui nourrit l’humanité, à Rome, comme partout.

Partagez moi !

Vous pourriez aussi être intéressé par

Chronique

La fête des anniversaires

22.05.24
Samedi 25 mai, Alimentation Générale fêtera ses 10 ans, Le Parti Poétique ses 20 ans et COAL ses 15 ans. Une belle occasion pour se retrouver à la ferme de Zone Sensible à Saint-Denis et célébrer avec vous les...

Chronique Edito

Lettre d’info n°10 – Qu’est-ce qu’on mange?

26.02.24
Qu'est-ce qu'on mange? Au menu cette semaine : des légumineuses, du boeuf bourguignon. Le tout arrosé d'agroécologie et d'un documentaire qui donne du croquant à tout cela.

Chronique Au menu

Lettre d’info n°13 – Le temps des sucres

03.05.24
Le temps des sucres ou saison des sucres dure de 4 à 6 semaines de la mi-mars à la fin avril. Un temps éclair et pourtant fondateur de la culture Québécoise qui correspond à la mise en exploitation des...