Fondée en 2002 en Allemagne par Thilo Bode, ancien directeur de Greenpeace International, Foodwatch, comme son nom l’indique, scrute les produits que nous mangeons.
En 2012, excusez du peu, l’ONG a réuni plus de 2 millions d’euros de dons et contributions dans les deux pays où elle est présente : Pays-Bas et Allemagne. Débarquement en France en ce mois de mai avec un bon écho médiatique parce que, au fond, qui serait contre la surveillance des aliments en vente dans nos supermarchés ? Le moins que l’on puisse dire est que Foodwatch n’a pas attaqué la France par la face la plus escarpée et qu’à écouter son discours, on croirait bien que rien n’a jamais été fait dans ce pays pour informer les citoyens sur la réglementation en matière d’étiquetage.
Foodwatch présente comme ses premières actions emblématiques en France un paquet de cinq enfonçages de portes ouvertes qu’une bonne classe de CM2 bien menée aurait pu débusquer elle-même. Prenons par exemple le cas extrêmement grave de la vinaigrette en bouteille Puget qui annonce un produit composé d’huile d’olive vierge extra, de vinaigre balsamique et de tomates séchées. Foodwatch s’insurge qu’il n’y ait que 1% de tomates séchées. On a d’abord envie de leur dire, sans prétendre être un grand cuisinier de la vinaigrette, heureusement ! Sinon ce ne serait plus une vinaigrette ! Bon, les vilains de chez Puget, c’est vrai, ils ont mis aussi de l’huile de colza moins chère et puis un autre vinaigre de vin pas très balsamique sur les bords. Même chose pour la soupe Maggi bœuf-carottes qui n’a pas de morceaux de bœufs tels qu’annoncés sur la belle image avec sa photo sursaturée rouge et jaune.
Amis de Foodwatch qui n’avez sans doute lu ni « 60 millions de consommateurs », ni « Que Choisir », sachez que ça fait bien longtemps que l’on s’est aperçu que les gens pressés étaient punis. Ils ne veulent pas faire leur soupe ni leur vinaigrette eux-mêmes, et ça a un prix en goût qu’ils connaissent avant de passer en caisse. Le fast prend ainsi des raccourcis et nos associations de consommateurs, certes moins riches que vous, n’ont pas attendu pour s’en préoccuper. Vous me direz, mais ces Tortellini Lustucru au jambon cru parmesan, vous avez constaté qu’il n’y a quand même que très peu de parmesan ? Et je vous répondrai que c’est encore pire car il ne faut quand même pas avoir bac + 7 en cuisine italienne pour savoir que le parmesan, on le met à part, on ne le cuit pas et que du consommateur ultra pressé au consommateur ultra stupide il n’y a parfois que l’épaisseur d’un additif.
Foodwatcher c’est bien, mais si c’est pour le faire par le petit bout de la lorgnette pour démontrer avec force enquêtes que de mauvais produits sont encore plus mauvais qu’on ne l’imagine, ça manque un peu d’ambition. Il vaudrait mieux que vous vous transformiez en Foodéduc. Rêvons ainsi un instant d’un programme à…allez, on vous fait un prix, un million d’euros par an, qui soutiendrait les associations qui veillent à l’éducation au goût des enfants, qui leurs apprennent à faire des vinaigrettes sans tomates séchées et des soupes avec des légumes du marché. Bref, rêvons que l’on mette les bœufs avant la charrue et que ces produits stupides quittent progressivement les gondoles par non renouvellement des générations de clients.
Partagez moi !
Vous pourriez aussi être intéressé par
Chronique Edito
Lettre d’info n°11 – On se met au vert?
Chronique Edito
Lettre d’info n°10 – Qu’est-ce qu’on mange?
Chronique Au menu