Chronique Cerise sur le gâteau #51

Campacity : lier et relier villes et villages

16.03.20

Et bien cette semaine, je voulais vous parler d’un projet qui ne devrait pas déplaire à nos invités et qui propose au fond un possible dialogue entre l’épicerie de Sauxillanges et celle d’une grande ville, qui pourrait être Clermont-Ferrand en l’espèce, et qui n’ont à priori pas vocation à communiquer.

L’histoire commence un peu plus au nord dans une commune d’à peine 600 âmes, à Saint-Fraimbault dans l’Orne où officie Alain Delangle, un éleveur en bio depuis 1996, et qui a pris la sale habitude en se levant chaque matin de vouloir innover. C’est alors que notre agriculteur startuper permanent se trouve un jour fort dépourvu quand les élections municipales furent venues en constatant avec les élus de Saint-Fraimbault que, conformément à une tendance nationale, le village se désertifie et que ses commerces foutent le camp, épicerie comprise.

À ce constat, il ajoute un paradoxe, en la personne d’une productrice néo-urbaine fraichement installée dans le canton, qui se voit obligée de vendre ses fromages dans une ville à 100 kilomètres du lieu où elle les produit. Alors, là où d’autres auraient imaginé quelques solutions de rafistolage en prenant conscience de l’immensité des forces du mal en présence, Alain Delangle voit tout de suite un peu plus loin que le bout de son village en capilotade. Le voilà qui trouve ses entrées à la Mairie de Paris, ville où il a pu constater que la déconnexion avec la campagne, et particulièrement celle des enfants, prend parfois des tournures pathétiques.

Il va convaincre là un arrondissement entier, le XVIIIème, avec ses plus de 200.000 habitants, de mettre en œuvre le projet le plus improbable qui soit. Notre paysan ne va en effet rien de moins que réinventer un concept un peu passé de mode et de pertinence : celui des villes jumelées. Oui, oui, les villes jumelées, les mêmes qui vous sont fièrement annoncées sur les panneaux rectangulaires d’entrée ou de sortie d’agglomération et vous annoncent des liens avec des villes souvent inconnues, à l’autre bout de l’Europe, quand ce n’est pas au-delà.

 

Mais cette fois-ci, il s’agit de lier et relier villes et villages, non pas pour faire de la communication politique, mais pour agir pour des populations dont les cultures s’éloignent de plus en plus de centres d’intérêt, qui furent un jour communs. En décembre 2018, nait donc l’association Campacity qui développe ses premières actions pilotes liées au jumelage de Paris XVIIIème avec Saint-Fraimbault. Les deux collectivités s’y échangent tout aussi bien des voyages scolaires pédagogiques que des activités touristiques ou des évènements sportifs, gastronomiques ou culturels.

On va mettre également en relation des entreprises ou plutôt les personnels de ces entreprises, car ici ce sont les citoyens qui sont au centre. C’est ainsi que les commerces, et singulièrement les épiceries, qui transmettent au-delà des aliments, tout un paysage, pourront refaçonner à leur manière les relations ville-campagne. Le Myrha, par exemple, fromage affiné à la bière de la brasserie de la Goutte d’or et qui tire son nom de la rue éponyme dans le 18ème, pourra ainsi être vendu à Saint-Fraimbault et profiter du camion qui ramènera les fromages de chèvres de là-bas, à la Capitale.

Ainsi, pour ceux qui participeront à ces projets, la campagne retrouvera un nom et des visages et la ville ne sera pas qu’un empilement de monuments touristiques et de bars branchés. Vive les villes jumelées !

Plus d’infos : https://campacity.fr

Les Bonnes Choses du 15/03/2020 – Les magasins ont-ils un avenir ?

Face à l’hypermarché ou au commerce en ligne, la boutique du coin de la rue présente l’avantage, le plus souvent, de faire vivre le lien social. Alors que les centres-villes se vident de leurs commerces, le magasin, sous l’impulsion de nouvelles initiatives, fait malgré tout de la résistance.

Petit éloge des magasins alimentaires, ces lieux que le sociologue américain Ray Oldenburg considère comme de « grands et bons endroits » et qu’il est important de soutenir aujourd’hui. C’est ce qu’a voulu faire le Premier ministre Edouard Philippe le 20 février dernier lors de son déplacement à Girancourt en parlant de la fermeture des boulangeries et autres cafés comme d’une « catastrophe silencieuse et banale ». Comment les commerces de bouche font-ils face aujourd’hui à la concurrence de la vente en ligne et des hypermarchés ?

Avec :
Vincent Chabault,
maître de conférence en sociologie Paris Descartes, auteur de Eloge du Magasin paru chez Gallimard :

Chroniques :
La madeleine de
… Macha Méril : »L’odeur du Kissel est le crochet qui me rattache à mes origines russes »

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