Chronique Cerise sur le gâteau #46
Les protéines que nous mangerons (peut-être) demain ...
Et bien cette semaine, j’ai voulu d’une certaine manière prolonger l’exposition « Je mange donc je suis » que l’on vient de visiter, en y ajoutant une pièce qui n’y est pas, du moins pas encore sur les protéines que l’on mangera peut-être demain.
Car comme on vient de le voir, l’exposition est chronologique et se termine donc avec plus de questions que de réponses sur ce que nous allons manger, ou pas, dans un futur proche ou dans des temps plus lointains. Et il se trouve que l’occasion m’a été donnée récemment de faire un reportage à Chicago et d’y faire une rencontre peu banale. Le gars s’appelle Thomas Jonas et a fondé une entreprise : Sustainable Bioproducts que l’on pourrait traduire en français par produits bio durables mais sans que ce nom puisse nous renseigner vraiment sur l’ampleur de sa trouvaille pour nourrir les près de dix milliards d’humains qui devraient peupler notre planète en 2050. Revenons quelques années en arrière pour que je vous raconte cette histoire qui a l’air d’un scénario d’un film futuriste. Thomas Jonas est avec un ami scientifique dans le Parc national de Yellowstone dans le Montana au pire endroit, le plus volcanique, des geysers partout et du souffre à la pelle, c’est irrespirable, il fait très chaud et en toute logique toute forme de vie a disparu. Et puis non ! Les deux compères découvrent qu’une bactérie a su développer des stratégies pour survivre et se développer dans cet enfer. Intéressant, mais il faudrait une peu d’argent pour faire des recherches et en savoir plus. Thomas trouve le partenaire évident : la NASA. On développe la chose en labo qui s’avère produire des fibres, des huiles et des micronutriments avec de la vitamine B12, celle qui manque aux vegans, de la vitamine D, du fer et du calcium. Bon, pas mal pour aller survivre sur la lune ou sur Mars mais côté nourrir l’humanité… mais la bactérie n’a pas dit son dernier mot, elle se développe à une vitesse supersonique, en produisant un tissu fibreux riche de 50% de protéines ! Bingo ! Cette fois-ci la Nasa n’y suffira pas parce que Thomas, son projet dans la vie, c’est d’être utile pour la planète de nos petits-enfants qui craque de partout. Il prend ses résultats de labo et va entretenir Bill Gates de sa trouvaille, lequel part au quart de tour, passe quelques coups de fils à des amis de sa Fondation et 33 millions de dollars plus tard voilà notre Thomas de retour à Chicago dans ses bureaux où une quarantaine de collaborateurs s’agitent, en pleine construction d’une usine de plus de 3 000 mètres carrés qui devrait être opérationnelle d’ici la fin de 2020. Alors, secret des affaires oblige, l’histoire n’est évidemment qu’à son point de décollage, mais l’enthousiasme des acteurs et l’échelle de développement laissent présager une petite révolution. Parce que comme le montre l’exposition « Je mange donc je suis », si de nombreux projets sont aujourd’hui en passe de révolutionner notre façon de consommer de la viande, peu de découvertes majeures comme celle de Thomas Jonas, permettent d’imaginer à partir d’une substance 100% bio et naturelle et développable à bas coûts en laboratoire, une révolution mondiale de notre consommation de protéines et de nutriments essentiels.
Allez, on se donne rendez-vous l’année prochaine à la même heure pour la Saison 2 de cette palpitante série de Food Reality.
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