Et bien, cette semaine je vais vous parler d’un livre qui a été édité à Londres l’année dernière et dont la traduction française est désormais disponible. Et pour mal commencer, méfiez vous de son titre bateau : « Histoire de France à pleines dents » qui est une mauvaise traduction de ce que sa version originale laissait transparaître : « A Bite-Sized History of France » que l’on pourrait traduire par une « Histoire de France en bouchées ».
Certes, ça sonne moins bien, mais ça a le mérite de rendre compte du projet des auteurs qui sont entrés avec cet ouvrage dans le métier d’historiens par le petit bout de la lorgnette gastronomique. Rendez-vous compte : Stéphane Hénaut est français, dingo de fromage jusqu’à en devenir un grand spécialiste et Jeni Mitchell est américaine, jeune diplômée d’histoire, quand elle tombe amoureuse de Stéphane, des fromages, et de toute l’identité culinaire des terroirs français. Bref, le genre de love affair qui donne généralement lieu à des bouquins mièvres ou, en langage pâtissier, cucul la praline. Et puis non. Stéphane et Jeni ont produit un ouvrage drôlement intéressant, drôlement devant être ici entendu au sens premier, découpé en 52 chapitres qui ne dépassent guère les six pages sans doute pour vous occuper 52 semaines. L’idée est de partir d’un mystère, d’une question culinaire bien française, d’une petite histoire et de la rattacher à la grande histoire. Tiens par exemple, vous vous baladez à Limoges et vous pensez immédiatement « arts de la table », sans vous intéresser à une statue de Marie planquée à la chapelle dite Notre Dame des petits ventres – déjà ça intrigue – et qui porte un enfant jésus se régalant…, devinez quoi ? D’un rognon ! Et c’est à partir de ce Limoges là, moins connu, que les auteurs vous entrainent dans l’histoire qui préside à la désignation des saints patrons des artisans des commerces de bouche. Le style n’est en aucun cas académique mais touche juste, là où l’identité culinaire française s’est forgée, c’est à dire dans ses multiples terroirs. Et puis, cerise sur le gâteau de cette cerise sur le gâteau, on a quelques réponses à des questions fruitières essentielles. Par exemple, Caroline, Matéo, vous voyez bien comment ont été créées les expressions « couper la poire en deux », « se presser le citron » ou « mi-figue, mi-raisin » mais connaissez-vous l’origine de « compter pour des prunes » ? L’histoire est longue et remonte à 1148 quand les armées européennes décidèrent d’attaquer Damas à l’occasion d’une deuxième croisade soldée par un cuisant échec, si ce n’est ce minuscule trophée ramené par des Templiers dans le Sud-Ouest de la France : un prunier. Ainsi ces valeureux guerriers avaient combattu pour des prunes !
Autre qualité de cet ouvrage, Stéphane et Jeni ne se sont pas contentés de s’intéresser à la cuisine mais ont beaucoup creusé l’histoire de nos vignes avec notamment le chapitre consacré aux Côtes du Rhône intitulé « un rouge pontifical », celui dédié au champagne : « Les bulles du diable » ou encore le surprenant « Un vignoble de perdu » consacré à la guerre historique entre Bordeaux et Bourgognes.
Sinon, « cucul la praline », ça vient d’où ? Et les explications les plus fantaisistes circulent, mais en réalité nul ne le sait et on ne trouve aucune explication dans ce livre !
« Histoire de France à pleines dents » / Flammarion / 23,90€
Les Bonnes Choses du 13/10/2019 – Saveurs juives
C’était dimanche dernier Roch Hachana, le Nouvel an juif, et mercredi prochain, le 9 octobre, ce sera Yom Kippour, le jour du Grand pardon, la fête la plus sacrée de l’année pour les croyants : l’occasion de consacrer une émission à la cuisine juive… enfin aux cuisines juives… Pour parler des cuisines juives, ashkénaze et séfarade, ce dimanche :
- Florence Kahn qui tient une boutique traiteur de gastronomie Yiddish dans le Marais à Paris et autrice du “Grand Livre de la cuisine juive ashkénaze” (Hachette Pratique) et de “Bagels, cheesecakes & autres recettes yiddish : delicatessen” (Editeur Mango)
- Claudia Roden, écrivaine gastronomique, autrice de “Le livre de la cuisine juive” (Flammarion).
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