Chronique La Cerise sur le gâteau

Lettre ouverte aux mangeurs de viandes qui souhaitent le rester sans culpabiliser

10.02.19

Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un livre qui vient de sortir chez Larousse et dont le titre souffre peu d’ambigüité : « Lettre ouverte aux mangeurs de viandes qui souhaitent le rester sans culpabiliser », le tout étant assorti en couverture d’un sticker sur fond bien rouge qui fait office de sous-titre et qui affirme : « Pourquoi les végans ont tout faux !»

A priori, une pareille couverture appartient au monde du militantisme ou de la polémique à l’emporte-pièce qui vous permettent de magnifiques clashs comme on les aime maintenant sur les réseaux sociaux. Mais dans le cas d’espèce, l’auteur Paul Ariès n’a guère l’habitude de faire dans le superficiel et encore moins dans l’approximation. Auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages, ce politologue et essayiste ne peut non plus être soupçonné de rouler pour qui que ce soit qui aurait la tête d’un industriel de l’agroalimentaire ou d’un lobby. Ajoutons qu’il n’est pas non plus un nouveau venu sur le sujet qui aurait succombé au bon filon éditorial à la mode. Paul Ariès publiait déjà en 1997 « La Fin des mangeurs » et « Les Fils de MacDo », en 2000 déjà inspiré par le sujet « Libération animale ou nouveaux terroristes ? » et plus récemment en 2016 « Une histoire politique de l’alimentation, du Paléolithique à nos jours » tout à fait passionnante. Donc, pour ceux qui ne chercheraient que des éléments de langage et un argumentaire simple, voire simpliste, pour défendre leur goût pour la viande, il va vous falloir passer votre chemin car ce livre va vous paraître beaucoup trop long.

Particulièrement dans le fait que Paul Ariès s’attache à chaque point polémique à remettre les débats dans leurs perspectives historiques. Vous découvrirez ainsi le père du végétarisme moderne, un certain Jean-Antoine Gleizès, auteur en 1821 de « Thallysie, ou système physique et intellectuel de la nature », semble-t-il véritable bible des végétariens ou encore qu’être végan est tendance chez les néonazis et que Goebbels soutenait, je cite, « que l’homme ne doit pas se sentir supérieur aux animaux ».

Mais, n’est-ce pas un ouvrage par trop analytique qui ne donne pas beaucoup d’informations pratiques sur la situation actuelle ?

Ça aurait pu si le style de Paul Ariès n’était pas vif et dynamique avec une invitation permanente du lecteur à réfléchir à ses actions sans pour autant systématiquement opposer végan et non végan. Ainsi, de nombreux chapitres se concluent par exemple, par ce type d’adresse : « Ami végan, si tu considères que l’industrialisation et l’artificialisation du monde sont une mauvaise chose, peut-être devrais-tu reconsidérer tes choix alimentaires ? Ami mangeur de viandes, de fromages et buveur de laits, si tu vomis ce que le productivisme et le capitalisme font à ton alimentation, peut-être devrais-tu aussi reconsidérer l’ensemble de ton mode de vie ! »

Mais attention, Paul Ariès a cependant très clairement choisi son camp et quelques titres de chapitre donnent le La de sa pensée comme par exemple : « Les végans, VRP des biotechnologies », « Le véganisme n’améliorera pas votre santé ! » ou encore, et plus troublant à découvrir, le chapitre intitulé « Ces végans qui se clament anti-écolos ! ».

Ce livre s’adresse à tous, particulièrement à ceux qui s’interrogent sur les rapports entre l’homme et l’animal objets d’une analyse très argumentée.

Lettre ouverte aux mangeurs de viandes qui souhaitent le rester sans culpabiliser
Éditions Larousse, 9,95€

Les Bonnes Choses du 10/02/2019 – Frédéric Simonin :  » On reconnaît la grandeur d’une cuisine à sa simplicité »

Invités

Sacré Meilleur ouvrier de France en décembre, Frédéric Simonin est le chef du restaurant rue Bayen, dans le 17e à Paris (1* Michelin), et il cumule six étoiles Michelin cumulées et trois toques Gault et Millau. Il vient de publier un livre sur la cuisine engagée qu’il défend.

Pour aller plus loin :
La cuisine d’un chef engagé, Chêne 2018
Le restaurant du Chef Frédéric Simonin.
La fameuse recette de la purée du Chef Robuchon.

Chroniques

La madeleine de … Erik Orsenna et le bœuf-carotte de sa grand-mère.

Et La Cerise sur le gâteau de Pierre Hivernat sur Paul Ariès.

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