Chronique #SMFSI - Stéphane Méjanès fait son intéressant / Tout et son contraire, et réciproquement
Amazon de chalandise
Déjà lancée en Italie et en Espagne, la « Boutique des Producteurs » d’Amazon est arrivée en France, le 7 novembre. « Boutique », « producteurs », des noms qui chantent pour une réalité qui risque de déchanter.
Ça devait arriver. Non content d’imposer des conditions de travail pour le moins discutables à ses employés, pas plus gêné que cela de mettre en péril les libraires indépendants, le géant Amazon vient de renforcer son offre dans le secteur de l’alimentaire avec un nouveau rayon joliment baptisé la « Boutique des Producteurs ». On nous promet du local, du made in France, visuels bucoliques à la clef.
« Nombre d’entreprises du monde agricole ont encore du mal à s’inscrire dans l’économie numérique et nous sommes heureux de pouvoir les aider à saisir les opportunités du e-commerce pour développer leur activité tout en gardant la maitrise de leur politique commerciale« , explique Patrick Labarre, directeur d’Amazon France.
Loin de moi l’idée d’intenter un procès d’intention à cette guerrière lourdement armée venue tout droit de la mythologie (avez-vous remarqué qu’en tapant « amazone » dans un moteur de recherche, avec un « e », oui, oui, le premier résultat qui sort, c’est… Amazon?). Je suis quand même allé voir d’un peu plus près. Pas une enquête de fond à la Cash Investigation qui m’a pris des mois, juste quelques clics.
À ce jour, 51 références sont proposées, recouvrant différents produits, la société en annonce 2 000, je n’ai pas compté. Peu ou pas de Bio. Derrière, seulement 21 vendeurs différents et, pour la très grande majorité, déjà dotés de e-shop parfaitement inscrits dans « l’économie numérique ». Une poignée d’artisans véritables, beaucoup de grosses maisons. Près de la moitié des articles vient par exemple du Cellier du Périgord, énorme fourre-tout de produits dits de terroir. On est assez loin du « monde agricole ». Ces vendeurs payent 39 €/mois pour avoir le droit de vendre dans la « Boutique des Producteurs » et reversent entre 8 et 15 % des ventes à Amazon.
Vous la voyez, la « maîtrise de leur politique commerciale » ? Moi, je vois un intermédiaire de plus entre le producteur et le consommateur. Je me demande bien à qui tout ça va profiter. Je me demande bien.
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