Analyse Distribution

Vérifications sur l’étiquetage des plats préparés

19.04.17

Au dos du sandwich sous cellophane vendu par ce Monoprix de quartier à Paris, le jambon est étiqueté « origine UE ». Pour Julien Caillard, agriculteur près d’Auxerre, « ce n’est pas suffisant« . « C’est légal, mais souvent l’origine UE cache le fait qu’il ne s’agit pas de viande française« , ajoute le jeune homme, syndicaliste aux Jeunes Agriculteurs (JA). Il participe mercredi avec une quinzaine de collègues exploitants agricoles à une opération de contrôle des étiquettes dans une grande surface de la rue de la Boétie à Paris.

Le décret sur l’origine de la viande et du lait dans les plats préparés – autorisé en tant qu' »expérimentation » par Bruxelles – est tout récent. Adopté fin 2016, il devait être appliqué le 1er janvier. Mais l’industrie agroalimentaire a obtenu in extremis un délai de trois mois, soit jusqu’au 1er avril, pour écouler ses stocks avant de passer à l’acte. Alors que nombre d’éleveurs français n’arrivent pas à gagner leur vie, le syndicat des JA, proche de la FNSEA, a mené depuis le 1er avril une vingtaine d’opérations de contrôle de ce type dans la plupart des enseignes de distribution en France. Histoire de vérifier si le texte est appliqué. « Au niveau national, nous avons trouvé un produit sur cinq sans la moindre origine sur les ingrédients, toutes marques et toutes enseignes confondues » a précisé à l’AFP Samuel Vandaele, secrétaire général des JA à l’issue d’un conseil d’administration du syndicat mercredi qui a fait le bilan sur l’opération.

Étiquetage intelligent

« Pour nous, l’essentiel, c’est que les produits soient français » affirme dans les rangées du Monoprix, Karen Chaleix, 33 ans, éleveuse de 60 vaches limousines près de Limoges. L’approche, qui frise le protectionnisme, porte une dose d’ambiguïté par rapport à la position pro-européenne du syndicat. « Ce qui compte, c’est que l’origine du produit soit étiquetée, peu importe s’il vient d’Espagne, le consommateur doit pouvoir choisir » rectifie Samuel Vandaele. « Nous avons trouvé une plaquette de beurre fabriqué à partir de crème allemande, et on ne le conteste pas, du moment que le décret est appliqué« . Dans les armoires réfrigérées du Monoprix parisien, les contrôleurs d’un jour notent avec satisfaction que des autocollants « poulets français » ont été ajoutés sur les blancs de poulet à la broche de Fleury Michon. Certaines étiquettes restent indigentes. Les sandwiches frais tout prêts Sodebo et Daunat indiquent en minuscule que leur viande vient de l’UE. Le beurre Président, fabriqué par le groupe Lactalis, se contente de préciser que son produit est composé de… »beurre ».

Produits en infraction au rayon conserves

Sur la marque Monoprix, celle du magasin, les syndicalistes se disent « globalement satisfaits » de l’étiquetage. Pour l’opération, la directrice du Monoprix a été prévenue, ainsi que le directeur-adjoint des relations extérieures du groupe Casino, qui possède, outre Monoprix, les hyper Géant, et les enseignes Leader Price, Franprix, Spar, Vival et Petit Casino, soit près de 11.000 points de vente. Si les syndicalistes étaient passés au rayon conserves, ils auraient trouvé des produits en infraction. Ainsi un saucisse-lentille en boîte de la marque « petit prix Monoprix » avec 19% de viande, dont des morceaux de tête, porc, couenne de porc et viande de dinde » ne donne aucune origine de sa viande. « De toute façon, je n’achète jamais de plats tout prêts, ils sont trop riches en sucre, en sel et en gras« , tranche une cliente, Aurélie, 31 ans.

Image de Une : Inf’OGM

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