Analyse Loi alimentation

Pas d’effets sensibles sur les prix payés aux producteurs en 2019

19.06.20

La loi Alimentation, censée rééquilibrer les relations entre producteurs, industriels et distributeurs, n’a pas eu d’effets sensibles sur les prix payés aux agriculteurs en 2019, a estimé jeudi le président de l’Observatoire des prix et des marges.

« C’est encore un peu trop récent« , a déclaré Philippe Chalmin lors d’une visioconférence de presse de présentation du rapport 2020 de l’OFPM, qui fait un bilan de l’année précédente. La loi Alimentation (Egalim), promulguée fin 2018, vise notamment à permettre aux 448.000 agriculteurs français de vivre de leur métier, avec des prix davantage calculés sur la base de leurs coûts de production. Les décrets d’application ont été publiés en cours d’année 2019, a rappelé l’économiste, qui n’a pas constaté depuis de « modification radicale » sur la formation des prix et des marges. En 2019, les prix payés aux agriculteurs ont progressé en moyenne de 1,8% par rapport à 2018, selon le rapport de l’Observatoire.

Ils ont augmenté de 21,9% pour le porc (qui a bénéficié d’une forte hausse de la demande en provenance de Chine où la peste porcine africaine a dévasté le cheptel), de 9,7% pour le blé dur, de 7,2% pour les légumes, de 3,9% pour le lait de vache et de 2,7% pour les volailles. A l’inverse, les prix ont reculé pour les fruits (-5,9%), les bovins et veaux de boucherie (-1,3%) et le blé tendre (-0,9%). Les prix payés aux éleveurs de bovins n’ont jamais couvert leurs coûts de production depuis la création de l’Observatoire en 2010, a fait remarquer M. Chalmin. Pour le lait, les prix de vente collaient « à peu près » aux coûts de production en 2019, « sauf pour les producteurs de lait de montagne« , a-t-il dit.

Évoquant une « absence de transparence quand même caractéristique de l’industrie laitière« , l’économiste a regretté que les groupes privés et les coopératives du secteur n’aient pas participé aux travaux de l’Observatoire. L’OFPM a pour mission d’étudier les coûts de production, de transformation et de distribution afin d’assurer plus de transparence sur la formation des prix des produits alimentaires. Philippe Chalmin a par ailleurs estimé qu’il n’y avait « pas de pénurie, et pas de flambée des prix » depuis le début de la crise liée à l’épidémie de Covid-19, mettant cela « au crédit de l’ensemble des métiers qui servent notre assiette ».

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