Analyse Un oeil sur le monde
Lima, une capitale qui transforme son brouillard en citrouilles
Grâce à Reasons to Be Cheerful, un magazine américain en ligne à but non lucratif et champion du monde des bonnes nouvelles, on découvre qu’il est possible de cultiver des aliments avec du brouillard. Ça se passe à Los Tres Miradores, un quartier défavorisé qui domine Lima et c’est le genre de bonne pratique qui ouvre des horizons.
Si vous ne connaissez pas Reasons to Be Cheerful et que votre anglais n’est pas trop rouillé, l’essayer, c’est l’adopter. Créé par le musicien David Byrne, ex-star des Talking Heads (et toujours à l’affiche à Broadway avec son fantastique show American Utopia), le média se positionne comme une séance de thérapie permettant de voir le monde sous un œil bienveillant, de s’interroger sur de nouvelles manières de vivre dans un environnement à préserver.
Le sujet de l’article s’inscrit dans Waterline, une série d’histoires qui, à travers le vécu des populations touchées, produisent des récits aux croisement de problématiques liées à l’eau, au climat et à l’alimentation. Peter Yeung, contributeur à Reasons to be Cheerful mais aussi à d’autres médias (The Guardian, LA Times, BBC), a coécrit l’article avec Melanie Pérez Arias, une journaliste basée à Lima. Un duo bien balancé qui rend possible une analyse culturelle et objective du projet.
Si visuellement l’article est ingénieusement réalisé, avec des courtes vidéos en boucle et des grandes images qui rendent compte de l’ambiance et du cadre, le propos est aussi particulièrement intéressant sur le fond.
On découvre le fonctionnement d’un système de captation d’eau grâce au célèbre brouillard de Lima, l’une des villes les plus sèches du monde et bien connue pour la présence d’un épais brouillard pendant la grande majorité de l’année, un phénomène appelé localement “The Donkey’s Belly” (Le ventre de l’âne). En haut de Los Tres Miradores, un quartier défavorisé qui domine la Capitale, environ quarante capteurs de brouillard récupèrent tous les jours entre 200 et 400 litres d’eau. C’est donc une immense opportunité qui permet cultures, bains et lessives.
Si des formes artisanales de captation d’eau s’étaient déjà développées dans la région, les capteurs de brouillard sont apparus dans les années 80 grâce aux travaux de chercheurs chiliens et canadiens. Le projet a pris une telle ampleur que depuis juin dernier, l’objectif est d’installer 10 000 capteurs de plus dans les collines autour de Lima d’ici quatre ans. Ces outils apparaissent ainsi comme des moyens de rééquilibrer la balance des inégalités d’accès à l’eau dans le pays.
Bertha Nuñez
L’article tire sa pertinence vers le haut en intégrant – comme promis par la série dont il est issu – le point de vue des habitants de la région. On y découvre par exemple Bertha Nuñez, qui cultive, grâce au système d’eau issu du brouillard, des légumes dans son jardin. “La vie ici n’est pas facile, mais au moins nous n’avons pas à nous inquiéter pour l’eau maintenant”, confie-t-elle aux journalistes.
En résumé, si vous êtes bilingue, cet article ne vous prendra que quelques minutes à lire. Si les souvenirs de vos cours d’anglais sont un peu vaporeux (sans mauvais jeu de mots), munissez-vous d’une boisson chaude à siroter en même temps. Le vocabulaire est parfois légèrement technique mais globalement accessible. Dans les deux cas, ne passez pas à côté de ce récit inspirant. De quoi bien commencer la semaine !
« The Backyard Farmers Who Grow Food With Fog », c’est ici que ça se passe et c’est gratuit. Cheers!
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