Leclerc lance aujourd’hui, mardi 23 octobre, une nouvelle enseigne « Le marché bio Leclerc » dédiée à la vente de produits biologiques, pour coller « à la refondation du modèle alimentaire » en cours … et grappiller une part des 8 milliards d’euros de ce marché en pleine croissance.
Parallèlement aux ventes de produits biologiques en hypermarchés et sur internet, le distributeur, qui pèse encore près de 21% de parts de marché malgré une tendance au recul ces derniers mois, avait annoncé en février son intention d’ouvrir 200 « concepts bio » dans les cinq ans. Après avoir testé plusieurs concepts, le premier magasin de cette « nouvelle enseigne spécialisée » à taille humaine (400m2) « Le marché bio Leclerc » est inauguré aujourd’hui à Saintes (Charente-Maritime). Fort de ses 5.000 références, il est destiné aux « fans de bio, ceux pour qui le bio est un univers où on se sent bien », explique Michel-Edouard Leclerc, le président du groupement, persuadé de « faire un carton ».
Plusieurs points de vente ont servi ces derniers mois de tests, et il s’agit désormais « d’accélérer » le mouvement, sachant que la part de la vente de produits bio avoisine les 4% du chiffre d’affaires total du distributeur, dont le siège est à Ivry-sur-Seine au sud-est de Paris. Carrefour est au même niveau quand Monoprix (groupe Casino) fait le double. Avec un chiffre d’affaires de 8 milliards d’euros en 2017 et une croissance annuelle qui dépasse les 20%, le marché du bio en France attire les convoitises. Pour l’instant, les hypermarchés qui se taillent la part du lion en termes de parts de marché (42%), tandis que les circuits spécialisés avoisinent les 17%, selon le panéliste Kantar.
Le bio bientôt « partout »
Pour M. Leclerc, en raison de la « refondation du modèle alimentaire » en cours dans les pays occidentaux, le bio va bientôt être « partout ». Une tendance de plus en plus lourde: selon une étude du cabinet Nielsen, parue lundi à l’occasion du Salon international de l’alimentation (Sial), 16% des consommateurs français se disent désormais adeptes du bio et/ou du local. Leclerc, qui entend s’adresser à « un public plus exigeant, engagé, qui ne supporterait pas forcément de voir le bio cohabiter avec d’autres produits« , se donne quatre ans pour accéder « au podium des enseignes les plus bio et les plus qualitatives » au niveau européen.
Si toutes les régions françaises se mettent à produire du bio, la France, dont le modèle hyper-productif a montré ses « limites », est cependant « en retard », estime-t-il. Pour se différencier des Carrefour Bio, Biocoop et Naturalia, « l’idée, c’est de créer des filières, avec des contrats d’approvisionnement, des engagements longs, plus rémunérateurs pour les producteurs et valorisants pour les marques, avec des signes de qualité, de traçabilité… », avance-t-il. Pour l’instant, les producteurs sont « atomisés », très « dispersés », donc l’intérêt sera d’offrir une « grande diversité » de produits car « le bio, ce n’est pas une ascèse, ce doit être du plaisir », assure le dirigeant.
Et puis, il ne doit pas être réservé à quelques happy few, ajoute M. Leclerc, qui souhaite « aider à la conversion » des agriculteurs vers le bio. Interrogé sur l’origine géographique des produits qui seront vendus dans cette enseigne, le patron des centre Leclerc répond que l’objectif est que « l’essentiel » vienne de France, sans donner de proportions. Quant à son positionnement prix, Michel-Edouard Leclerc assure que, le but étant une « meilleure rémunération des producteurs » à travers le bio, « nous n’en profiterons pas pour faire de super marges ». En 2017, le groupe E. Leclerc a dégagé un chiffre d’affaires de 37,2 milliards d’euros (hors carburants), en progression de 2% grâce notamment aux hypermarchés.
Par Laure BRUMONT
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