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L214 dénonce un élevage de poules vendéen et interpelle Panzani

30.05.17

L’association de défense des animaux L214 a dénoncé mardi les conditions d’élevage de poules en batterie dans une exploitation en Vendée, interpellant cette fois, davantage que l’éleveur, un de ses clients, le groupe agroalimentaire Panzani (groupe espagnol Ebro Foods).

Dans une vidéo qu’elle indique avoir tournée ce mois-ci, L214, qui milite contre la maltraitance animale et la consommation de viande, montre des images d’un élevage propriété des Oeufs Geslin, dans la commune de Chauché (Vendée), et qui « détient près de 160.000 poules en cages« , dont 80.000 dans le bâtiment filmé par l’association. L214 dénonce, dans le communiqué accompagnant la vidéo, « des animaux dans un état déplorable et des conditions sanitaires exécrables« , des poules « extrêmement déplumées, des parasites grouillant sur les oeufs, des poules blessées dans un état dramatique, des cadavres dans les cages, bloquant la circulation des oeufs« .

« On demande au groupe Panzani de prendre ses responsabilités« , a déclaré à l’AFP Johanne Mielcarek, un des porte-parole de L214, en exhortant le groupe agroalimentaire à « s’engager à exclure les oeufs de poules en cage de leur produits alimentaires« . Selon elle, cet élevage fournit à Panzani des « ovoproduits », c’est-à-dire des produits à base d’oeufs, qui peuvent notamment servir dans la fabrication des pâtes.

Audit et enquête

« Ces accusations de maltraitance et de négligence ne sont pas fondées« , a dénoncé l’éleveur Benoît Geslin, disant reconnaître le matériel de l’entreprise sur la vidéo de L214, mais dont « les images, choquantes, ne sont pas du tout le reflet de l’état sanitaire de notre exploitation« . « Nous sommes très bouleversés, très touchés« , a déclaré Benoît Geslin, qui a succédé à son père en janvier 2016 à la tête de cette entreprise familiale et qui emploie 150 salariés sur différentes activités. « On a un suivi très rigoureux de notre cheptel« , a-t-il ajouté. « Une inspection de routine la semaine dernière n’a rien montré de particulier« , et « cet après-midi une nouvelle inspection des services vétérinaires, probablement diligentée par la préfecture, n’a révélé aucun écart« , a assuré M. Geslin qui « attend avec impatience la remise du rapport officiel de cette inspection, mercredi ou jeudi matin« .

Le ministre de l’Agriculture, Jacques Mézard, a demandé à la direction départementale de la protection des populations (DDPP) de Vendée « de conduire rapidement des investigations poussées » de cet élevage « et de prendre toutes mesures administratives éventuellement nécessaires« . « Une inspection récente d’un des bâtiments n’avait pas révélé de tels dysfonctionnements« , a affirmé le ministère dans un communiqué, tout en admettant que les images diffusées par L214 « pourraient révéler des non-conformités sur la gestion des animaux malades ou parasités ainsi que sur l’enlèvement des cadavres« .

Dans la matinée, Lustucru frais, société du groupe Panzani et client d’Oeufs Geslin, a annoncé son intention de « réaliser immédiatement un audit sur les conditions d’élevage de la société Geslin« , confié à la société Bureau Veritas et de « suspendre tout approvisionnement auprès des oeufs Geslin dans l’attente des résultats » de cet audit. « Nous avons aujourd’hui la certitude que nous n’avons jamais reçu de produit de l’élevage incriminé« , a indiqué de son côté à l’AFP Antonio Fortunato, directeur financier du groupe Panzani, qui a réaffirmé que « la société Lustucru frais va porter plainte pour diffusion de fausses informations« .

Menaces de plaintes

L’élevage pointé du doigt présente, selon l’association, « des non-conformités avec la réglementation imposant certains aménagements dans les cages, comme la présence de litières« . L214 a annoncé en conséquence porter plainte contre l’élevage « pour maltraitance » auprès du tribunal de grande instance de La Roche-sur-Yon et compte organiser un rassemblement mardi soir, devant un centre commercial à Paris. Interrogé par l’AFP, le procureur de La Roche-sur-Yon, Hervé Lollic, ne pouvait à cette heure confirmer le dépôt de plainte.

Cette nouvelle campagne de L214 intervient quelques mois après l’annonce par la filière française des poules pondeuses d’un objectif ambitieux: faire baisser l’élevage en cage en atteignant 50% d’élevage bio ou en plein air d’ici 2022. L’interprofession de l’oeuf (CNPO) estime à 500 millions d’euros le montant des investissements nécessaires en cinq ans pour moderniser les élevages et ainsi tenir cet objectif, dont une participation de 100 millions d’euros demandée à ses clients, la grande distribution. Dans le même temps, plusieurs acteurs majeurs de la grande distribution, comme Système U, Lidl, Monoprix ou Intermarché, ont annoncé leur voeu d’aller encore plus loin en n’utilisant plus d’oeufs issus de poules élevées en cages d’ici 2020.

Par Nicolas GUBERT

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