Le géant français de l’agroalimentaire Danone ambitionne de devenir le leader mondial du bio en rachetant la société américaine WhiteWave, spécialisée dans les produits laitiers bio et d’origine végétale, sa plus grosse acquisition depuis 10 ans.
« Notre parfaite complémentarité va nous permettre de créer un leader mondial bio au positionnement unique », a déclaré le directeur général de Danone Emmanuel Faber lors d’une conférence de presse. L’entreprise américaine qui commercialise des produits laitiers bio, des alternatives végétales au lait et au yaourt, des produits frais et crèmes pour le café sous les marques Silk, Horizon Organic ou Earthbound Farm, emploie 5.500 salariés.
L’opération « totalement amicale » annoncée jeudi par Danone valorise The WhiteWave Foods à environ 12,5 milliards de dollars. La transaction, qui sera financée entièrement par de la dette, permettra à Danone de « doubler sa taille aux États-Unis », assure M. Faber. Le géant de l’agroalimentaire, qui prévoit de boucler l’acquisition avant la fin de l’année, a proposé de racheter The WhiteWave Foods pour 56,25 dollars par action, entièrement en numéraire, ce qui représente une prime d’environ 24% par rapport à la moyenne des prix de clôture sur les 30 dernières séances boursières.
Danone offre ainsi de débourser 9,95 milliards de dollars pour le capital de The WhiteWave Foods, auxquels s’ajoute la dette et certains passifs de la société américaine qui a dégagé en 2015 un chiffre d’affaires de 4 milliards de dollars, dont 85% réalisé aux Etats-Unis et 15% en Europe. La dette de Danone, aujourd’hui de 7,8 milliards d’euros, va donc atteindre environ 19 milliards, mais « l’entreprise maintient son profil strong investment grade » auprès des agences de notation, a assuré la directrice financière Cécile Cabanis lors du point de presse.
Depuis son introduction en Bourse en 2012, les ventes de WhiteWave ont connu un taux de croissance annuel moyen de 19% et son résultat d’exploitation a doublé sur la même période, souligne Danone.
Mieux répondre aux tendances nouvelles
« Ce rapprochement nous permettra de mieux répondre aux nouvelles tendances de consommation et représente une avancée majeure dans l’engagement de Danone à mener une révolution de l’alimentation », a commenté Emmanuel Faber. « Il nous permettra également d’accélérer notre marche vers une croissance forte, durable et rentable à l’horizon 2020 et de renforcer notre résilience en intensifiant notre présence en Amérique du Nord. Nous changeons d’échelle dans la réalisation de ce modèle », a-t-il ajouté.
« Gregg L. Engles, inspirateur et PDG de WhiteWave a accepté de rejoindre le comité exécutif de Danone après le closing », ce qui devrait permettre d’être dans les meilleures conditions pour développer « le business plan et mettre en oeuvre les synergies », a assuré M. Faber. Pour M. Engles cette opération « nous amène l’opportunité d’accélérer notre croissance ». Il a également souligné l’intérêt pour Danone d’investir dans une société qui opère dans des pays politiquement stables.
Avec ce rapprochement, Danone assure qu’il détiendra une position de leader mondial du bio ainsi que des produits laitiers frais et des positions de premier plan sur le marché des alternatives végétales au lait et au yaourt. « Le profil de création de valeur est fort. Nous allons mettre à disposition 100 années de recherche et développement dans la fermentation des protéines, qui seront combinés au savoir faire dans la transformation de WhiteWave », a expliqué M. Faber. Le groupe s’attend à un impact positif « solide » sur son bénéfice net par action dès la première année suivant l’acquisition.
Il anticipe par ailleurs des synergies de l’ordre de 300 millions de dollars par an d’ici à 2020. Selon Mme Cabanis, les économies représenteront 75% de ce résultat opérationnel incrémental de 300 millions de dollars, le reste viendra de synergies de revenus. L’opération a été approuvée par les conseils d’administration des deux sociétés mais doit encore recevoir le feu vert des actionnaires de WhiteWave Foods et des autorités de la concurrence. « Nous n’attendons pas de difficultés substantielles de cette analyse » par les autorités de la concurrence des deux côtés de l’Atlantique, a toutefois assuré M. Faber.
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