Analyse

Cafés, bars et restaurants se résignent à n’être fixés que fin mai

24.04.20

Bien qu’en grande difficulté financière, cafés, bars et restaurants se résignaient vendredi à garder portes closes au moins cinq semaines de plus avec un soutien de l’Etat renforcé, et à n’être fixés sur leur sort que fin mai, afin de rouvrir en toute sécurité.

Il y aura une « décision finale vers la fin du mois de mai pour avoir une date de réouverture des cafés, restaurants et bars« , a déclaré le ministre de l’Economie Bruno Le Maire à l’issue d’une réunion à l’Elysée, consacrée aux difficultés de l’hôtellerie-restauration et du tourisme. « Ce virus n’aime pas l’art de vivre à la française (…) parce qu’il se propage essentiellement par contact humain« , avait pour sa part estimé le président de la République Emmanuel Macron au début de cette réunion. Pour aider ces établissements à rester à flot malgré des trésoreries très mal en point, l’accès au Fonds de solidarité sera élargi, à compter du 1er juin, aux entreprises employant jusqu’à 20 salariés et réalisant jusqu’à 2 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre 10 salariés et 1 million de chiffre d’affaires pour l’ensemble des TPE. En outre, le montant de l’aide sera doublé à 10.000 euros au maximum pour les entreprises, fermées depuis le 15 mars, d’un secteur qui emploie un million de salariés dans 18.600 hôtels, 168.000 restaurants, 38.800 bars ou cafés et 6.000 établissements de nuit.

« Nous avons été entendus en ce qui concerne les aides« , a déclaré à l’AFP Roland Héguy, président de l’Umih, principale organisation patronale de l’hôtellerie-restauration, qui approuve la prudence du gouvernement quant au redémarrage de l’activité. « Mieux vaut perdre 10 ou 15 jours et rouvrir dans les meilleures conditions« , a-t-il estimé. « Il y a des pays d’Asie qui ont déjà ouvert, et commencent à faire marche arrière. Imaginons qu’on ouvre nos établissements trop tôt et qu’on les referme trois semaines après, ce serait terrible!« . « Ce qui sera le symbole de la fin de ce cauchemar, ce sera de revoir les Français en terrasse, dans nos restaurants et nos hôtels, retrouver la vraie vie« , a-t-il dit. De son côté, le chef Alain Ducasse s’est dit « très satisfait du temps donné et des précautions prises« , sur BFMTV. Pour Didier Chenet, à la tête du GNI (indépendants), les 15 jours à venir seront décisifs « pour sortir de l’impasse les entreprises saines qui sont en rupture de trésorerie« .

20 à 25% d’entreprises « ne rouvriront pas »

En revanche, « 20 à 25% d’entreprises malheureusement ne rouvriront pas« , a-t-il estimé, sur BFMTV: « certaines étaient déjà en mauvaise situation« , et « pour d’autres, quand bien même vous êtes aidé (il sera) irréalisable, inconcevable de rouvrir en faisant 50% du chiffre d’affaires« . Les hôtels n’ont pas été contraints de fermer mais nombre d’entre eux l’ont fait, faute de clients depuis le confinement. Face à ces difficultés, « la mobilisation du gouvernement, du Premier ministre, du président de la République est totale« , et le sera jusque « dans les mois qui vont suivre » la réouverture, a assuré Bruno Le Maire, évoquant une situation « très dure financièrement » et un « choc psychologique » pour ces professionnels.

Ces derniers préparent toutefois activement leur reprise d’activité: ils ont soumis au gouvernement « un guide de bonnes pratiques déjà très abouti« , présenté par le PDG du groupe hôtelier Accor, Sébastien Bazin, qui sera étudié avec la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Parmi les dispositions de ce plan: « un espacement des tables d’un mètre, des réservations limitées à huit personnes, l’obligation pour les personnels de salle de se laver les mains toutes les 30 minutes« , a-t-il détaillé. « Il faudra lui donner une force juridique pour que tous les restaurateurs puissent s’engager là-dessus« , a expliqué M. Le Maire. Le ministre de l’Economie a en outre confirmé l’annulation par les « grands bailleurs » des « loyers sur les trois derniers mois pour les très petites entreprises qui ont été obligées de fermer« .

Enfin, un fonds d’investissement doit voir le jour pour aider la relance de l’activité du secteur, avec la contribution des assureurs et des banques, qui seront conviés « très prochainement » à une réunion. Le tourisme génère 170 milliards d’euros de recettes annuelles, ce qui représente 7% du PIB français, et emploie 4 millions de personnes – emplois directs et indirects cumulés.

Par Rebecca Frasquet pour AFP

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