Ville campagne à la ferme
Le confinement fait les beaux jours de la vente à la ferme
« On a doublé nos commandes« : à la bien nommée « Ferme des cochons heureux », le téléphone « n’arrête pas de sonner« . Harold Turgis, éleveurs de porcs à Saint-Quintin-sur-Sioule (Puy-de-Dôme), a vu ses ventes aux particuliers grimper depuis le confinement. La peur d’être contaminé et d’avoir à affronter la cohue au supermarché semblent avoir joué en faveur des éleveurs et maraîchers pratiquant la vente directe que l’AFP a interrogés.
Au prix parfois d’un peu d’adaptation: « Nous vendions beaucoup dans les foires et les salons mais, quand ils ont été annulés les uns après les autres, on s’est dit qu’il fallait tout changer« , explique Harold Turgis. Quelques jours avant le confinement, l’éleveur a mis en place un système de livraison pour les particuliers, avec mesures d’hygiène renforcées, en les informant sur Facebook. « Les commandes se font par téléphone ou internet. On donne le montant à l’avance; on laisse les colis à l’extérieur des maisons et on n’accepte plus les espèces. Ça marche très bien et on a gagné de nouveaux clients« , assure-t-il.
À Godewaersvelde (Nord), Eric Kiecken, gérant d’un « café-boucherie-charcuterie », a entièrement réorganisé son commerce, transformant « l’espace café » en magasin de producteurs locaux. « Les gens sont ravis de tout trouver chez nous, en restant dans leur village et en respectant les règles du confinement. On a clairement une augmentation de la demande« , affirme le boucher. « Avec ce confinement, les gens redécouvrent un peu les commerçants de proximité« , selon lui.
La ferme Batisse à Vitrac (Puy-de-Dôme), qui produit des yaourts laitiers a carrément installé une vitrine réfrigérée à l’extérieur de ses locaux samedi, jour de vente: « nous avions délimité des espaces d’un mètre dans la file d’attente, et les gens qui arrivaient ne croisaient pas ceux qui repartaient« , décrit Jennifer Izabel, l’une des associées. « Les petites structures rassurent les gens qui préfèrent éviter les grands magasins« , selon elle.
Changement d’habitude?
À quelques kilomètres, David Fernandes, qui cultive des fruits et légumes à Volvic (Puy-de-Dôme), a vu ses commandes augmenter de 20% à 30%. Avec son épouse qui l’aide à préparer des paniers à composer, il explique avoir « beaucoup plus de travail » depuis la mise en place des mesures de confinement, entre la préparation et les livraisons quasi quotidiennes. « Nous avons gagné entre 10 à 15% de nouveaux clients« , estime-t-il. Plus de travail aussi pour Xavier d’Hondt et sa famille, à Linselles (Nord): « L’activité a doublé en une semaine. Les clients habituels prennent en plus grosse quantité afin de faire des provisions, et quelques nouveaux clients font leur apparition« . L’exploitant et son épouse ont dû augmenter leur temps de travail et leurs deux filles « jonglent entre les cours et la ferme » pour « aider à transformer et vendre la production« .
Après l’affluence de la première semaine de confinement, la situation est redevenue normale chez Damien Raynaud, à Saint-Georges-de-Mons (Puy-de-Dôme), éleveur bio qui vend des colis de viande de porc et de boeuf: « Les gens appelaient parfois jusqu’à 21h, ils ont beaucoup stocké« , selon lui. A « l’ACI La Ferme », exploitation maraichère et chantier d’insertion de Wavrin (Nord) qui vend fruits, légumes et oeufs, « en une journée, on a écoulé un stock d’une semaine« , assure Fanny Heyndrickx, membre de l’équipe encadrante. Depuis « ça s’est calmé mais il y a encore du monde. on n’a jamais vendu autant de pommes de terre !« , sourit-elle. « Un petit magasin avec peu de clients, peu d’employés, c’est rassurant« , juge-t-elle, espérant que le confinement puisse « changer un peu les habitudes des gens, qui sont en train de découvrir ce qui existe près de chez eux« . Xavier Colette, producteur de fruits et légumes qui gère un magasin de vente directe à Seclin (Nord), a vu « déferler une vague de nouveaux clients le week-end précédant le confinement, qui s’est calmée depuis« . Mais pour lui, « il est beaucoup trop tôt pour dire si tout ça va modifier les habitudes des gens sur le long terme« .
Par Céline Castella avec Elia Vaissiere à Lille pour AFP
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