Ville campagne

La Ferme des croquants, enthousiasmant !

12.03.24

Nous nous demandons dans  notre série  « Paysan(ne), un métier d’avenir ?» qui seront nos futurs paysans et à quoi ressembleront leurs parcours, possiblement semé d’embuches. Voilà six jeunes passionnés qui ont posé leurs bagages sur une ancienne exploitation en Ariège où ils produisent des fruits, des légumes, des œufs et des céréales, qu’ils ont appris à transformer en pain, en bière, en conserve, et surtout, en une économie vertueuse qui, au-delà de nourrir des hommes et des femmes, nourrit une terre, un village et un lieu de vie.

Arthur, Lauric, Fanny, Merlin, Margot et Quentin — presque tous— anciens étudiants en agronomie à Montpellier forment l’âme paysanne de la Ferme des Croquants. Quelques expériences professionnelles en France et à l’étranger plus tard et de précieux souvenirs d’un rêve longuement pensé et discuté en colocation, les six Croquants prennent la décision de se lancer dans la création d’une terre nourricière « On s’est assez vite rendu compte que le métier d’ingénieur, c’était pas vraiment ce qu’on voulait faire, qu’on se voyait plutôt les mains dans la terre, en créant notre propre projet au lieu de donner des conseils aux autres alors qu’on en avait jamais fait l’expérience nous-même ».

Après de longues recherches d’un lieu inhabité dans les campagnes françaises, ils se décident pour l’Ariège, département « qui correspondait parfaitement aux attentes de tous ». Quelques semaines plus tard, c’est le coup de cœur pour la Ferme de Pegarou, à la Bastide de Besplas. Le rêve devient ainsi réalité en 2022, lorsque leur proposition de reprise est acceptée. Pendant ce temps, ils prennent le temps de se former aux métiers qui allaient devenir les leurs : pour l’un maraîcher, pour l’une boulangère, pour d’autres brasseurs et éleveurs de poules, et surtout, pour tous, paysans.

 

S’allier à Terres de Liens était une volonté forte du groupe « Dans notre éthique et nos valeurs on voulait que la ferme soit financée par Terre de Liens ». L’association, en total cohérence avec le projet des Croquants, exige une agriculture bio et une gestion raisonnée de la biodiversité. Mais ici, il ne s’agit pas uniquement de conduire une ferme, mais aussi de piloter six fermiers qui travaillent ensemble sur un projet commun. « On est conscient qu’on monte un projet à six, on sait que ce n’est pas une mince affaire donc on se forme pour ça, on passe du temps ensemble sur le côté humain ».
Ils ont choisi de se faire également épauler par l’Association pour le développement de l’agriculture de groupe (ATAG), qui aide les projets d’agriculture en groupe en évoquant, lors de rencontres mensuelles, les sujets plus sensibles tels que la répartition du travail, le salaire ou les congés.
Ainsi, chaque activité est distribuée, aucun pôle ne dépend que d’un ou d’une seule d’entre eux, « l’idée c’est de ne pas se rendre indispensable, que chacun puisse partir en vacances, qu’il puisse prendre une pause, d’où l’avantage d’être en collectif. »

 

 

La gestion de l’eau et la protection des sols, au cœur du fondement de la Ferme.

Le choix de l’Ariège et de ce territoire permettait de s’assurer un minimum de ressource en eau, indispensable pour faire pousser des céréales. La ferme est, pour le moment, reliée à une source d’eau potable situé à quelques kilomètres. À terme, ils souhaiteraient que le terrain et son aménagement permettent une autosuffisance en eau. Pour cela, ils mettent en place de nombreux processus « Nous avons un raisonnement global autour de l’eau de la ferme pour la stocker, la filtrer et la réutiliser. ». En s’engageant auprès d’organisations traitant les sujets de biodiversité, ils ont pu s’approprier leur terre en connaissant mieux sa faune et sa flore. « On a découvert une zone humide sur le terrain, qu’on souhaite valoriser ». Les arbres fruitiers autour du maraîchage, les haies sur l’ensemble du terrain et la mare de biodiversité sont tous des aménagements pensés en lien avec la stimulation de la biodiversité et l’apport et la conservation optimisés de l’eau.

"En se formant nous-mêmes et avec tous ces projets, j’ai l’impression qu’on ne pourra jamais s’ennuyer, et pour moi, en ça aussi c’est un métier d’avenir."

Merlin

Eux-même acteurs du changement qui doit s’accomplir au sein du domaine agricole en France, comment sont-ils supposés réagir face à la difficulté et l’avenir tant critiqué de leur métier ? Pour Merlin, il vaut mieux foncer tête baissée et faire comme on peut avec la volonté, la passion et l’énergie disponible, « je ne regarde pas trop ce qui se passe pour éviter de stresser ». Alors qu’aucun d’entre eux n’est né d’une famille issue du domaine agricole, ils apprennent tout par eux-mêmes, grâce aux expériences du terrain. « En se formant nous-mêmes et avec tous ces projets, j’ai l’impression qu’on ne pourra jamais s’ennuyer, et pour moi, en ça aussi c’est un métier d’avenir. Puis, au-delà de la production alimentaire, on s’occupe avant-tout d’un lieu et de sa biodiversité, c’est à notre échelle qu’on agit, à celle d’un village, voire d’un département et c’est déjà bien !. »

Alors, certes, ils ont atteint, à deux jours de la fin de leur campagne de financement sur Kisskissbankbank, 224% de leur objectif, mais pourquoi pas 250% dans la dernière ligne droite ? À vous de jouer ici si vous voulez participer à ce projet très enthousiasmant !

 

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