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Comment réduire les antibiotiques dans l’élevage?

22.09.16

Les antibiotiques sont massivement utilisés dans l’élevage, non seulement pour soigner les animaux, mais aussi pour prévenir les infections ou, dans certains pays, favoriser leur croissance. Que peut-on faire pour réduire leur utilisation chez les animaux? Trois questions à Monique Eloit, directrice générale de l’Organisation mondiale pour la santé animale (OIE).

Q: Pourquoi utilise-t-on autant d’antibiotiques dans l’élevage?

R: « Il ne faut pas stigmatiser le secteur de l’élevage plus que les autres: les antibiotiques sont un problème pour tout le monde. Comme pour les humains, les antibiotiques servent à soigner les animaux. Ce sont aussi des outils de santé. Mais contrairement à la santé humaine, dans l’élevage, on gère une médecine de population. Quand vous avez dans un troupeau deux, trois animaux malades, vous ne pouvez pas juste vous focaliser sur ces animaux, vous devez anticiper, ce qui nécessite parfois des antibiotiques, ou alors l’éleveur peut se retrouver tout d’un coup avec 1.000 bêtes malades. Il n’est pas surprenant non plus que le tonnage d’antibiotiques utilisés soit plus élevé dans la santé animale que la santé humaine dans les pays qui sont gros producteurs d’animaux de consommation, comme les Etats-Unis, la Chine, l’Inde ou certains pays d’Amérique latine, puisque les antibiotiques se dosent en fonction du poids de l’individu ».

Q: Quid des antibiotiques utilisés pour favoriser la croissance des animaux? Faut-il les interdire partout?

R: « Pour les antibiotiques utilisés comme facteurs de croissance, cela permet des gains de productivité, et donc il y a évidemment un facteur économique. Ils permettent non seulement de gagner du temps de croissance mais aussi de gagner en uniformisation des animaux. Les pays de l’Union européenne les ont interdits depuis des années, mais pas les Etats-Unis ni la Chine, par exemple. Dans le Plan d’action mondial sur la résistance aux antibiotiques adopté par l’OMS et auquel la FAO (organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture, Ndlr) et l’OIE sont étroitement associés, on est d’accord pour considérer que cet usage n’est pas prudent et donc pour aller vers une très forte réduction, voire une sortie de ce type d’usage. Mais il y a une résistance du secteur, car beaucoup d’éleveurs craignent que le couperet tombe sans qu’il y ait eu des phases d’adaptation. On ne peut pas leur demander d’arrêter du jour au lendemain. Il faut leur montrer qu’une autre façon de faire est faisable et économiquement viable ».

Q: Quelles autres mesures préconisez-vous pour réduire leur utilisation?

R: « La réduction est possible. Comme pour la santé humaine, il faut que les antibiotiques ne soient pas automatiques: il faut faire en cas de maladie un diagnostic plus précis pour savoir quel antibiotique utiliser ou si on peut s’en passer, réfléchir à des programmes de vaccination, et aussi avoir de bonnes pratiques d’hygiène – hygiène dans la traite, hygiène quand on introduit des animaux dans un élevage. C’est un travail à faire avec le vétérinaire de l’élevage. C’est aussi beaucoup un travail d’information de longue haleine, d’où l’importance de l’impulsion politique. Si on veut s’inscrire dans la durée, il faut faire preuve de pédagogie, une pédagogie qui démontre aux éleveurs que ce qui peut être fait demain sera mieux que ce qui est fait aujourd’hui ».

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