Portrait Nantes Food Forum
Alice Waters, de la Maison blanche au collège de la bonne bouffe
Alice Waters qui a conseillé Michelle Obama pour la création du potager biologique de la Maison-Blanche est une pédagogue née, jusqu’à créer sa propre école à Berkeley en Californie où tous les enseignements partent de la terre et y reviennent. Elle est au programme du Nantes Food Forum.
À King Middle School à Berkeley, les salles de classe ne ressemblent pas vraiment à ce que nous connaissons. Les tables ne sont pas faites pour écrire mais pour cuisiner, les couteaux remplacent souvent les crayons, quant aux cours de gym, les agrès utilisés sont plus souvent des pelles, des pioches et des binettes que des barres parallèles.
Alors tout ça c’est bien beau, mais pour apprendre l’anglais et les mathématiques, les fruits et légumes du potager, même cuisinés avec pédagogie dans la cafétéria de l’école, ça ne vous fait pas passer le high school diploma (équivalent du bac). Et bien si ! Parce qu’Alice Waters et ses équipes n’ont pas pensé leur enseignement comme un cours de Science et vie XXL mais bien comme une lecture de toutes les matières à travers le prisme des problématiques de la terre et donc de l’alimentation. Toutes choses égales par ailleurs, nous ne sommes pas très éloignés du discours de Nicolas Hulot sur la nécessité de relier et coordonner les actions de tous les ministères à la préservation de la planète.
Essaimer
Voilà vingt ans que cette école existe et Alice Waters a mené de nombreuses recherches avant d’aboutir son projet. Elle-même pur produit des écoles Montessori dont elle fut une enseignante, revendique avoir découvert à 19 ans en France, lors d’un séjour universitaire, produits de saison et repas sans fins, totalement étrangers à sa culture américaine. C’est dans les années 80 qu’elle se met en tête d’attaquer le problème des méfaits de la malbouffe par la racine en créant des jardins potagers dans les écoles. Depuis, elle ne s’est jamais arrêtée de militer, comme chef cuisinière dans son restaurant Panisse à Berkeley et comme citoyenne avec son école, visitée par nombre de professionnels, agriculteurs comme universitaires, pour y observer les mérites d’un enseignement très différent et visiblement tout aussi efficient.
Mais la création du modèle ne lui suffit pas. Elle sait qu’il faut essaimer, et Michelle Obama ne fût pas la moindre des ambassadrices de ses idées quand les deux réfléchissaient à la mise en œuvre d’un autre jardin potager symbolique : celui de la Maison-Blanche. Faute de pouvoir changer tout le curriculum des collégiens américains, Alice Waters milite ad minima pour changer la chose la plus visible : les assiettes des cantines. Son credo est assez simple : « Si nous changeons les critères de choix pour les achats d’aliments dans les écoles publiques en se fournissant directement chez les fermiers et les éleveurs qui prennent soin de la régénération de la terre, nous contribuerons aux solutions pour le climat et apprendrons aux futures générations les valeurs de la nourriture, de la sauvegarde et le sens de la communauté. »
Alice Waters a fait des émules, et l’École « Domaine du possible » créée en Camargue par l’actuelle Ministre de la culture Françoise Nyssen et Jean-Paul Capitani, Directeur des Éditions Actes Sud donne une version française d’un enseignement entièrement fondé sur la matière préférée des enfants : la nature.
Crédit photo ® William Abranowicz
Alice Waters était l’invitée des Bonnes Choses sur France Culture
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