Arthur et Siméa vont de Nantes à Quimper en covoiturage. La suite de leur périple commence en Bretagne.
Le type qui nous emmène est jeune, pieds nus, cheveux longs et pratique des soins dans l’eau, l’ATMA Janzu je crois. Sur le trajet, il nous explique qu’il possède un appareil pour extraire le jus des plantes et de fruits divers. Il fait de temps en temps des cures de jus et pendant une semaine, ne se nourrit que de ça. Pour lui, l’alimentation a un rôle primordial dans l’équilibre du corps humain. Il nous donne un numéro de téléphone où l’on peut joindre un de ses amis qui connaît les plantes sauvages et sera ravi de nous accueillir. Il nous laisse à Quimper. Il pleut.
En arrivant sur la Place au beurre, on éclate de rire avec Siméa : la place est cernée de crêperies ! Du coup, on commence par les goûter, on choisi blé noir caramel et beurre salé. Maïwenn, rencontrée quelques mois plus tôt à Budapest, est venue nous chercher avec sa mère pour nous amener à Lesconil, le village où elles résident en ce moment sur la côte. Sur le trajet, nous avons droit à un exposé enjoué des spécialités bretonnes : Kig ha farz, kouign amann, far aux pruneaux, gâteau breton.
Crêpes et foie de lotte
Lesconil est un petit village en bord de mer dans le pays Bigouden du Finistère, « la fin de la terre ». Quelques années auparavant, la pêche était la principale activité mais elle a cessé depuis près de dix ans. Maïwenn nous raconte qu’avant, elle venait chercher le poisson à la criée du port. Maintenant, cet endroit est fermé, vide et c’est le paradis des mouettes et des goélands. A côté de la Criée, se trouve le hangar d’une entreprise de transformation d’algues marines. Elle est toujours en activité mais fermée momentanément, à cause des tempêtes de cet hiver. Des nombreux bateaux qui partaient en mer pêcher, il n’en reste qu’une poignée qui proposent encore le poisson à la cagette sur le port.
A l’apéro, nous découvrons le foie de Lotte. La grand-mère de Maïwenn a l’habitude de faire elle-même quelques spécialités. Elle fait son thon en boite maison et le foie de lotte au piment d’Espelette, une sorte de foie gras, que l’on mange sur des tranches de pain noir comme le foie gras mais au fort goût de poisson. C’était très bon et on en a repris plus d’une fois ! Maïwenn nous dit au cours de la conversation que les bretons ne donnent pas facilement leurs recettes de crêpes, jalousement gardées. Une discussion s’engage sur le thème « Quelles sont les meilleurs crêpes ? ». Parce que dans les côtes d’Armor, ils les font différemment et, à Brest, ce n’est pas exactement les mêmes non plus. Mais les meilleures, en conclusion, c’est encore celles de la grand-mère… Les crêpes semblent être un sujet inépuisable de comparaison entre les bretons.
Tara, la cantine de la mer
Le lendemain, l’idée, c’est d’aller en vélo à Guilvinec, le principal port de pêche en activité dans le coin. On passe derrière les dunes et on débouche devant le chantier naval. La ville est entièrement tournée vers le port et la pêche : la mairie, à deux pas de la criée, fait face au chantier naval et au-dessus de la criée est installé le musée de la pêche.
De retour à Lesconil, nous avons rendez-vous avec Didier Guillou à Tara, la cantine de mer. Cette cantine pour ouvrier est ouverte sur le monde. Tara, c’est un lieu mythique en Irlande, un bateau de recherche scientifique sur la dérive glaciaire, mais ça veut aussi dire cabillaud en japonais et bien sûr c’est la terre de Scarlett dans Autant en emporte le vent ! Rouge comme le restaurant. Didier Guillou se définit comme un cuisinier artisan. Sa cuisine est axée sur les produits terre-mer, dont le fameux boudin blanc aux langoustines. Malgré les horaires décalés et la rémunération pas toujours proportionnelle aux heures passées derrière les fourneaux, il considère son métier comme valorisant si on prend le temps de le faire bien.
Didier est un homme passionné, qui aime ce qu’il fait. Il travaille avec des producteurs locaux. Le bateau s’amarre au port et Didier récupère ses crustacés : « Lesconil est le premier port de langoustine fraîche, les langoustines n’ont que quinze mètres à faire avant d’arriver dans la casserole ! ». Avec les maraîchers, il fait en fonction de leurs surplus. En ce moment, la courgette est partout. Les poissons, eux, viennent de Loctudy, pas très loin. Il nous parle également d’un éleveur de porcs blancs qui s’en sort avec quatorze hectares pour vivre et nous explique qu’il aimerait bien travailler la palourde rose. Didier est très attaché à Lesconil et à sa région. Depuis que la criée a fermé, il se bat pour redonner vie au port. Alors qu’on discute, un couple arrive pour le féliciter d’un plat qu’ils avaient emmené en mer un an plus tôt. Sa clientèle, internationale, est plutôt satisfaite. Il nous parle du métier de la restauration, de la marmite de sa grand-mère, de l’alliance des sauces qu’il affectionne particulièrement et il conclue magnifiquement : « Un restaurant, c’est 30% d’accueil, 30% de cuisine, 30% le cadre … et y a 10%… on saura jamais. »
Entre-temps on a laissé un message à Erwan, l’homme aux plantes sauvages. Il nous rappelle et accepte de nous héberger pour la nuit chez lui à Douarnenez. Ce sera notre prochaine étape.
Tara, la cantine de la mer
Quai Ouest
29740 Plobannalec-Lesconil
tél : +33 2 98 82 27 43
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