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Des chercheurs souhaitent bannir tous les bisphénols des contenants alimentaires
santé-chimie-pollution-UE-alimentation Paris, 22 jan 2016 (AFP) – Des scientifiques ont appelé vendredi les autorités à bannir des contenants alimentaires tous les bisphénols estimant que les substituts au bisphénol A ont probablement des effets tout aussi nocifs sur la santé, en particulier sur la fertilité. Depuis 2011, l’utilisation du bisphénol A (BPA) est interdite pour la fabrication des biberons en plastique au sein de l’Union européenne. La France a également banni cette substance depuis janvier 2015 de toutes les boîtes et bouteilles à usage alimentaire. Pour remplacer le BPA, les industriels ont souvent recours à deux produits: le bisphénol S (BPS) et le bisphénol F (BPF). « Le bisphénol A est un produit magique. Il est facile à travailler, transparent, résistant aux chocs, à l’altération, aux ultraviolets (…) et surtout pas cher. Il est en outre multi-usages, donc pas si facile à remplacer », explique René Habert, professeur à l’université Paris Diderot et toxicologue de la reproduction. La famille des bisphénols comprend une vingtaine de produits et les connaissances scientifiques sur leur possible rôle de perturbateur endocrinien sont limitées: moins de 90 publications scientifiques contre quelque 9.600 pour le BPA, a-t-il précisé lors d’un colloque à Paris sur les perturbateurs endocriniens. « Dans la mesure où ils ont une structure moléculaire similaire, il n’y a aucune raison d’en autoriser certains et pas d’autres », a estimé M. Habert. « Ce que j’attends fondamentalement, c’est qu’on classe tous les bisphénols comme des perturbateurs endocriniens potentiels », a-t-il déclaré à l’AFP, d’autant que les premières études sur le BPS démontrent que cette substance est loin d’être inoffensive. Ludovic Le Corre, enseignant et chercheur en toxicologie alimentaire, a ainsi présenté les résultats d’une étude montrant comment le bisphénol S pouvait induire l’obésité chez les souris mâles. M. Habert a, lui, détaillé les résultats d’une autre étude montrant que le BPS et le BPF pouvaient provoquer le même niveau de perturbation hormonale sur des cellules masculines que le BPA. Son équipe CEA/Inserm a testé leur effet sur des cellules de testicules de foetus mâle cultivées in vitro. La conclusion est que les BPS et BPF provoquent la même réduction de production d’hormone mâle, la testostérone, que le BPA, ce qui peut conduire à des stérilités. « Nous nous heurtons aujourd’hui à un problème de taille: nous ne comprenons pas encore le mécanisme du bisphénol A. Pourquoi a-t-il des effets à si faibles doses? Pourquoi les effets ne sont-ils pas monotones? Quand on augmente la dose, on n’a pas forcément des effets plus forts, parfois on a des effets plus faibles », a-t-il insisté. En l’absence de preuve scientifique, la prudence doit être de mise, fait-il valoir, soulignant qu’il faudra des années, voire des décennies, pour démontrer avec certitude les effets de chacun des bisphénols.
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