Deux produits de substitution du bisphénol A (BPA), le bisphénol S (BPS) et le bisphénol F (BPF) provoquent le même niveau de perturbation hormonale sur des cellules masculines que le BPA, a mis en garde jeudi une équipe de chercheurs français.
« C’est la première fois qu’on montre l’effet dangereux du BPS et BPF sur une fonction physiologique chez l’homme« , explique l’équipe Inserm/CEA/université Paris Diderot qui signe cette recherche dans la revue spécialisée Fertility & Sterility. « Il n’y aurait pas de sens à échanger un danger sanitaire pour un autre. Aussi, nous devrions urgemment nous concentrer sur l’évaluation des risques pour la santé humaine des substituts du BPA« , ajoute l’équipe du laboratoire « Cellules souches, radiations et instabilité génétique ».
Le bisphénol A est un plastifiant et antioxydant, utilisé en particulier dans les revêtements des boîtes de conserve et bouteilles plastiques. Il est classé comme « perturbateur endocrinien » à savoir qu’il perturbe le système hormonal humain. L’Union européenne a banni le BPA en janvier 2011 des biberons en plastique. En 2013, la France en a interdit l’utilisation dans les contenants alimentaires destinés aux enfants de 0 à 3 ans. En janvier 2015, son interdiction a été étendue à toutes boîtes ou bouteilles à usage alimentaire. Le bisphénol S et le bisphénol F sont des produits de remplacement du bisphénol A, utilisés notamment pour les tickets de caisse. « Bien qu’ils aient une structure chimique proche de celle du bisphénol A, leur dangerosité n’a jamais été testée chez l’homme, et il n’y a actuellement aucune réglementation les concernant« , explique le CEA et l’Inserm dans un communiqué.
L’équipe CEA/Inserm emmenée par René Habert, professeur en physiologie de la reproduction, s’est attachée à tester l’effet de ces bisphénols sur des cellules de testicules de foetus mâle cultivés in vitro. Elle a découvert que les BPS et BPF provoquaient la même réduction de production d’hormone mâle, la testostérone, par les testicules du foetus mâle que celles induites par le bisphénol A . La testostérone est une hormone capitale pour « la masculinisation des organes génitaux internes et externes (…). En l’absence de testostérone, ces organes évoluent spontanément dans le sens féminin« , souligne le Pr Habert. « Toute diminution de la production de testostérone, ce qui est l’effet des différents bisphénols, va entraîner des défauts de masculinisation » et peut déboucher sur des stérilités, déclare-t-il à l’AFP. Le Pr Habert précise que « le foetus n’est pas protégé du tout » des bisphénols que peut absorber la mère car ces substances « traversent la barrière placentaire« .
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