Berlin veut venir en aide aux producteurs de lait allemands, que la chute des prix fait souffrir, le parti conservateur de la chancelière Angela Merkel laissant entrevoir un soutien public de plus de 200 millions d’euros. « Le gouvernement travaille intensément à des instruments qui puissent conduire à une détente du marché », a indiqué dans un entretien à la presse régionale publié jeudi le ministre de l’Agriculture, le conservateur Christian Schmidt, sans toutefois s’étendre sur les instruments en question. M. Schmidt va convoquer le 30 mai un « sommet du lait » qui réunira les représentants de tous les acteurs du secteur: les producteurs aux abois, les laiteries, la distribution.
Des centaines de producteurs sont menacés de faillite alors que, sous le coup d’une offre bien supérieure à la demande dans toute l’Europe, le prix du lait dégringole. Entraînés par les discounters, beaucoup de chaînes allemandes de distribution ont abaissé le prix du lait en magasin à 46 cents le litre, un niveau auquel les producteurs affirment ne pas pouvoir travailler de manière rentable. « Il est important que nous arrivions enfin à une répartition juste du fardeau le long de la chaîne de création de valeur », a plaidé M. Schmidt, estimant que « pour le moment seuls les agriculteurs (payaient) les pots cassés, la distribution et les laiteries continuant à bien gagner ». Si le ministre en reste pour le moment à des considérations d’ordre général sur la nécessité de soutenir les agriculteurs, certains au sein de son parti ont mis sur la table des propositions plus concrètes.
Dans les colonnes du journal Bild jeudi, la députée Gitta Connemann, parlant au nom du groupe parlementaire conservateur au Bundestag, évoque une possible subvention de 80 millions d’euros pour le régime d’assurance des agriculteurs, une enveloppe de 150 millions d’euros de garanties publiques pour les producteurs qui seraient contraints de contracter de nouveaux crédits, ou encore des abattements fiscaux supplémentaires. M. Schmidt exclut en tout cas un retour aux quotas de production, qui ont été la norme en Europe pendant trente ans avant leur suppression l’an dernier. Leur suppression a motivé nombre d’exploitants à produire plus, alors même que la demande fléchissait, conduisant à la chute des prix. Mais « je conseille à quiconque serait tenté par de nouveaux quotas de se tourner vers le passé », a dit le ministre, « en 2009, bien avant la fin des quotas, nous avons déjà eu des prix aussi bas ». « La gestion de l’offre doit se faire sur le marché », argue-t-il, plaidant pour « des engagements volontaires (des agriculteurs) à plafonner leur production pendant six mois ».
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