Culture food Livre
Manger engagé n’est pas forcément une tannée punitive, démonstration avec ce petit guide pratique, gourmand et joyeux
« Je mange pour le futur » qui sort cette semaine en librairie est le pendant du programme Instagram @jemangepourlefutur qui cumule 13 200 followers. Pourquoi imprimer un guide alors ? Pour toutes les raisons qui limitent les réseaux sociaux : l’immédiateté et à la parcellisation de l’information obligatoires. En 160 pages on peut ainsi accéder à la complexité des problématiques liées à l’adoption d’une alimentation saine et durable, et enfin comprendre la globalité des enjeux… tout en s’amusant, là est la performance.
Mention spéciale à Clémence Gouy, illustratrice et designer graphique qui donne un sérieux coup de vieux à tout ce qui a été publié jusque-là sur des sujets pour le moins complexes avec une forte dimension scientifique. Parce que, comme on le fait tous, avant d’acheter un livre inconnu, on le feuillette. Et bien souvent, l’exercice est fatal et l’ouvrage retourne dans sa pile. Ici, on sait d’emblée que l’on ne va pas s’ennuyer parce que le rythme des changements de forme est effréné. La couverture nous fait penser à une BD, on trouve aussi le genre roman-photo à l’ancienne, des interviews sérieuses d’expertes et d’experts et de la couleur, beaucoup de couleurs, aucun pastels.
Parce que les autrices Manon Dugré et Aurélie Zunino toutes deux issue de la très réputée école AgroParisTech, se sont entourées d’un scénariste qui change un peu la donne. Benjamin Hoguet contribue considérablement à mettre en oeuvre le classique adage de Victor Hugo : la forme, c’est le fond qui remonte à la surface.
Et manger au quotidien tout en pensant à ne pas dégrader notre environnement déjà passablement mal en point, est à priori une tâche qui n’apparait pas dans une première approche comme particulièrement hilarante, sauf si on décide que l’ennui n’est pas une option. On s’aperçoit avec cet ouvrage que des sujets sociétaux comme la consommation de viande peuvent être beaucoup plus digestibles si on ne prend pas tout de suite des positions ayatollesques et que l’on examine toutes les possibilités créatives qui s’offrent dans la contrainte. Manger durable sans se ruiner, c’est impossible, et puis non, on peut en faire un challenge et y arriver, un chapitre entier est consacré à la problématique.
Un autre chapitre du livre s’ouvre par ce titre : comment éviter de toujours manger la même chose ? Et d’une certaine manière c’est la totalité de « Je mange pour le futur » qui nous évite de manger toujours la même litttérature sur des sujets cent fois rebattus.
Enfin, et ce n’est pas la moindre des qualités de cet ouvrage, on peut lire l’interview d’un expert suivie d’une recette, c’est gonflé d’un point de vue éditorial mais proche des soucis du lecteur qui, fort de ses convictions étayées scientifiquement, a envie de participer et le premier principe à appliquer pour une alimentation saine et durable, c’est cuisiner.
« Je mange pour le futur » Les Éditions Ulmer, 22€
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