Longe de veau braisée, Château Margaux 1914, œufs mimosa ou agneau pascal rôti à la broche, farci de petites saucisses strasbourgeoises, d’alouettes rôties et de ris de veau nés prématurément : la nourriture se retrouve partout chez Friedrich Dürrenmatt, que ce soit dans ses pièces, ses caricatures, ses portraits ou ses romans. L’exposition explore le motif de la nourriture sur le versant biographique comme fictionnel afin de déployer la richesse d’un sujet se révélant moins anodin qu’il n’y paraît. Elle se nourrit d’œuvres de Dürrenmatt et d’autres artistes – metteur·e·s en scène, réalisateurs·trices et plasticien·ne·s – qui ont digéré ses créations pour mieux les adapter.
Dans « La Panne », un festin gastronomique accompagne un jeu de rôles prenant la forme d’un procès ; les personnages des « Physiciens » se préoccupent du menu du jour alors que l’un d’entre eux vient de commettre un assassinat ; dans « La Saucisse », un homme est accusé d’avoir transformé son épouse en charcuteries ; dans « Le Juge et son bourreau », l’un des personnages comprend qu’il est tombé dans un piège lors d’un souper fastueux… Chargées d’humour et de grotesque, ces scènes de repas sont également liées à des thématiques telles que la justice, la religion ou le cannibalisme.
« L’auteur a l’air aussi épicurien que ses écrits » présumait – à tort ou à raison ? – un critique de théâtre. La profusion de banquets orgiaques, de plats raffinés et de bouteilles millésimées laissent en effet penser que Dürrenmatt était un bon vivant. Son amour du vin a également participé à construire l’image d’une personnalité hédoniste : on dit qu’il possédait dans sa cave les grands crus servis dans sa pièce « La Panne ».
A l’invitation du CDN, la cinéaste neuchâteloise Orane Burri a réalisé un court-métrage avec Raphaël Tschudi, mettant en scène le compte-rendu du gargantuesque festin d’un roi anabaptiste. Dominique Kähler Schweizer, alias Madame Tricot, a quant à elle réalisé pour l’occasion plusieurs œuvres en fils de laine et de soie, dont l’installation « Festin pour La Panne » – potage à la tortue, longe de veau braisée, fromages et tourte au chocolat – une œuvre spectaculaire mêlant réalisme et fantaisie.
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