Pas moins de trois ministres (Agriculture, Affaires étrangères et Ecologie) doivent venir ce vendredi inaugurer le pavillon France, un mécano géant en épicéa du Jura qui a coûté 14 millions d’euros. La France compte bien profiter des six mois de vitrine de l’Expo-2015, sur le thème « Nourrir la Planète, Energie pour la vie », pour démontrer son savoir-faire de première puissance agricole d’Europe – même talonnée par la concurrence – et honorer « le repas français », consacré par l’Unesco en 2010.
La France a mis les petits plats dans les grands pour assurer sa présence à l’Exposition universelle, qui s’ouvre le 1er mai à Milan, en attendant celle de 2025 qu’elle pourrait organiser. Selon ses concepteurs, la déclinaison française du thème général de l’Expo milanaise, « Nourrir la planète, énergie pour la vie » se présente à la fois comme « une halle, une grange et une cave, une cathédrale et une ruche« . Conçu comme le parcours type de l’alimentation, du champ à l’assiette, entièrement construit en bois du Jura, ce pavillon de 2.000 m2 a coûté 14 millions d’euros, sur les 23 millions du budget total, dont 20 millions apportés par l’Etat français. Ce budget est inférieur de moitié à celui consacré par la France à sa présence à l’exposition universelle de Shanghaï en 2010, a assuré le commissaire général du pavillon France, Alain Berger.
Jardin et paysages
« C’est une halle qui exprime le relief des paysages du monde », mais à l’envers, a-t-il expliqué devant la presse. La « canopée » du pavillon est une structure conçue comme si elle épousait parfaitement une surface tumultueuse très tourmentée, formée de creux et de bosses, composée d’arches qui partent du sol, expliquent ses concepteurs. Ce pavillon est entièrement recyclable, « il aura une vie après l’Expo« . Il sera démonté et revendu pour être installé ailleurs, a-t-il ajouté.
Le visiteur – la France en attend 1.000 par heure – prendra son mal en patience dans une file d’attente qui serpentera parmi dans un jardin de 1.200 m2, rassemblant 59 espèces différentes, ode à la biodiversité autant qu’aux semenciers français, les premiers exportateurs mondiaux du secteur. « On a tout produit sous serre avant de le transposer ici » explique le paysagiste Thierry Lavergne. Toutes les régions, toutes les spécialités sont présentes à travers une soixantaine d’espèces et bien plus de variétés encore, de l’artichaut breton à la gariguette, des lentilles du Puy au piment d’Espelette.
Un « food truck », en français dans le texte, viendra répondre à leur faim, avec une cuisine trois étoiles, en attendant « le café des chefs » au second niveau du pavillon. Il rassemblera les plus grands chefs, Bocuse d’or notamment, annonce-t-on, même si ça fait bien longtemps que la France n’a pas eu cette récompense. Côté jeunes pousses dans la sommellerie, ce ne sera pas vraiment ça non plus, c’est Philippe Faure-Brac, meilleur sommelier du monde il y a 23 ans qui a été choisi pour la carte des vins.
Susciter le débat
Au regard des autres pays représentés, Le pavillon France peut surtout s’enorgueillir de ne pas faire que du « show » et de produire de la pensée que le thème général impose, que la planète attend. Et d’abord avec la scénographie d’Adeline Rispal qui continuait encore aujourd’hui de faire remplir les 300 alvéoles du plafond. Avant d’accéder aux champs de blé et de lavande, le parcours est ouvert par un carnaval de casseroles et une table de dîner en grand apparat, dressée sous un miroir réfléchissant. Manière de célébrer le repas gastronomique « à la française », inscrit depuis 2010 au patrimoine mondial de l’humanité. Le parcours se clôt sur les ustensiles de cuisine du monde entier, symboles de la diversité alimentaire mondiale et des mille façons de manger.
Entre la fourche et la fourchette, on passe aussi sous l’industrie agroalimentaire, honnie des opposants à l’Expo qui y voient un triomphe de l’agrobusiness se préoccupant peu des mal-nourris. Mais c’est elle qui transforme la production agricole en aliments et stimule le commerce extérieur français. Deuxième poste à l’exportation après l’aéronautique, la filière aime rappeler qu’elle pèse chaque année, rien que sur les vins et spiritueux, autant que la vente de 140 Airbus. Et représente, de l’agriculture à la transformation, près d’un million d’emplois. C’est tout cet ensemble de données, parfois complexes, qu’Adeline Rispal fait passer dans les trente minutes chrono prévues pour la visite.
Et pour ceux qui en veulent plus, le pavillon France a vraiment vu grand avec l’organisation de pas moins de 48 conférences débats (deux chaque mercredi à l’Institut Français de Milan / programme et inscription ici) sous la houlette du Conseiller scientifique du Commissariat Alain Blogowski. On y reviendra semaines après semaines, mais l’ensemble de cette collection devrait mettre la France et ses prestigieux Instituts de recherche au coeur des réflexions mondiales sur la question vitale de comment nourrir 9 milliards d’hommes en 2050.
Photo de une : © CMC / XTU / STUDIO A. RISPAL
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