Le carnivore domestique standard est menacé. On argumente sévèrement contre ses agissements et son appétit de consommateur inconscient des souffrances animales et autres dégâts causés à Dame Nature. Sera-t-il remplacé prochainement par son clone, le vorenicar qui goûtera avec délectation, et avec la satisfaction de faire triompher l’éthique véganiste, de savoureux steak synthétiques ?
Le bois composite à base de matériaux plastiques est né au japon pour préserver des espèces de bois exotiques menacées par l’exploitation industrielle. On décida de torturer le langage plutôt que de continuer à faire souffrir la nature, en cessant d’appeler un chat, un chat et ainsi il devint possible de produire des structures et des objets à partir d’éléments imitant le bois et reproduisant quasiment ses qualités.
Concernant la viande et les animaux habituellement tracassés par la boucherie, il semblerait que nous nous acheminions gentiment vers une forme de substitution éthique du même ordre, à partir d’un savant bidouillage cellulaire qui réduirait l’élevage à une échelle suffisamment indiscernable pour l’oeil humain. Bref, il s’agirait de changer d’échelle pour cultiver in vitro des cellules de viande fraîches mais n’ayant jamais appartenu à un animal susceptible d’avoir souffert d’une manière ou d’une autre.
Autant dire que d’ici peu, nos tables seront faites de non-arbre et nos bœufs bourguignon de non-animal. Dans le même temps nous demeurerons des êtres humains à part entière, avec des organes, des os, des nerfs, et autres constituants physiologiques dynamisés par la respiration, l’hydratation, l’alimentation, l’activité physique, etc. Bref, nous ne mangerons plus des êtres vivants mais du vivant tout court. Du vivant en valeur absolue, du vivant avec lequel aucune empathie ne sera possible car nous sommes peu à éprouver une émotion profonde devant une division cellulaire ou alors dans des circonstances particulières qui relèvent de nous et de notre désir de croître et de nous multiplier, mais c’est une autre histoire !
L’avenir de la restauration et de la grande distribution pourrait bien intégrer massivement en quelques années des choses aussi inessentielles et néanmoins nutritives que des fruits et légumes cultivés sans soleil ni terroirs, de la viande de laboratoire, des substituts de repas purifiants et reboostants liquides ou solides, et autres alternatives ingénieuses destinées à faire de notre planète un lieu de vie bien organisé sur le plan nutridimenstionnel.
A ce compte-là, l’être humain risquera seulement de perdre rapidement la notion du corps vivant pour s’éprouver davantage comme une biomachinerie productive et régulable à volonté grâce au concours des nutrichimistes qui constitueront en quelques décennies la guilde la plus déshumanisante que nous ayons pu connaître à travers les âges. Quant-à la planète, elle devra s’accommoder de cette idéologie et souffrir d’une forme terrifiante de maladie provoquée par ses plus fervents défenseurs véganiens.
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