Aujourd’hui, je voudrais vous parler, sans aucun comique de répétition, de Goût de France et de Good France. Le premier s’écrit en bon français : g-o-û-t et le deuxième est en anglais : good, comme « bon », et pourrait donc se traduire par Bonne France. Et la bonne France dont on va parler du 21 au 24 mars dans le monde entier, c’est celle de la gastronomie, à l’occasion de la cinquième édition de cette manifestation orchestrée par notre Ministère des Affaires étrangères accompagné par le chef Alain Ducasse et qui relève de ce que l’on appelle la gastro-diplomatie.
Et oui, nos cuisiniers sont des marqueurs culturels au même titre que nos artistes ou nos scientifiques et ce statut d’ambassadeur leur donne naturellement un droit d’entrée au Quai d’Orsay. De là à en faire une stratégie politique il n’y a qu’un pas, qui fût franchi par Laurent Fabius, initiateur du projet, qui pensait notre cuisine comme un argument touristique de poids et donc, in fine, comme un facteur de dynamisme économique.
Mais attention le couple diplomate – cuisiner n’est en aucun cas une nouveauté politique et n’oublions pas que l’association du moment Le Drian – Ducasse a de célèbres ancêtres avec le couple Talleyrand – Carême. Ces deux-là mijotaient en effet toutes sortes de ruses gastronomiques pour enfumer leurs interlocuteurs. Ainsi, si le Congrès de Vienne de 1814 où les souverains se réunissent pour redécouper l’Europe, est resté célèbre dans l’histoire géopolitique, on trouve surtout de très nombreux récits qui parlent de ce que l’on y a mangé et bu. Et quand Talleyrand, qui ne part pas favori au Congrès après la défaite de Napoléon, se fait briefer par Louis XVIII, il lui répond « Sire, j’ai plus besoin de casseroles que d’instructions écrites ! » Le Congrès va ainsi durer sept mois au rythme des marmites françaises et pour certains grands dîners, Carême se charge d’étourdir les grands de l’Europe en faisant défiler jusqu’à 48 entrées, sans parler des pâtisseries dont il avait le secret, en forme de châteaux ou d’architectures imaginaires.
Mais, « Goût de France » ne relève quand même pas de tels enjeux de politique étrangère ? !
C’est vrai que la manifestation n’a pas cette ambition. Mais disons que pour cette édition particulièrement, elle affiche néanmoins quelques partis-pris politiques, assez inattendus dans le monde feutré de la haute cuisine. Ainsi, pour le lancement mercredi, plus de 5 000 chefs se mobiliseront partout dans le monde pour proposer un dîner « à la française ». Mais cette année, le cahier des charges est assorti d’un thème imposé : une cuisine responsable. Entendez par là respectueuse de l’environnement, saine et si possible comportant moins de sucre, de sel et de gras. Bref, un truc qui aurait fait fuir à toutes jambes Carême, Talleyrand, le roi, sa femme et le petit Prince !
Alors, pour ne pas prêter le flanc à une appréciation par trop subjective de ce qu’est ou n’est pas la responsabilité en la matière, les protagonistes de Goût de France on formé un Comité d’excellents professionnels pour écrire un Livre blanc de la gastronomie responsable où l’on précise notamment qu’elle doit porter une attention particulière aux ingrédients, au menu, à la préservation des ressources et au gaspillage.
En cette période où la transition écologique ne va assez vite pour personne, sûr que le message a du sens.
Plus d’informations sur : https://www.france.fr/fr/campagne/gout-france-good-france
Les Bonnes Choses du 17/03/2019 – Le livre de cuisine (1) : le marché
Avec
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Déborah Dupont, propriétaire de la Librairie Gourmande à Paris
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Valérie Tognali, responsable éditoriale aux éditions du Chêne
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Laurence Houlle, directrice du développement et des partenariats du Groupe Glénat.
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