Analyse Politique

Lactalis: Bruno Le Maire demande le rappel des produits élargi à l’ Europe

12.01.18

Lactalis devra reprendre, sans distinction, tous les lots de lait infantile produits dans son usine de Craon (Mayenne), affectée par une contamination à la salmonelle, une décision radicale annoncée vendredi par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, alors que la crise s’étend désormais hors de France. On apprenait en effet, quelques minutes après son point presse, qu’un cas de salmonellose avéré avait été découvert en Espagne concernant un bébé ayant consommé du lait infantile contaminé de l’industriel français, alors qu’un autre cas reste à confirmer en Grèce.

« Ce sont deux cas touchant des enfants qui ont consommé le lait en question. Le cas espagnol est confirmé (…) Le cas grec ne l’est pas, mais il y a des signes« , a expliqué à l’AFP François-Xavier Weill, bactériologiste de l’Institut Pasteur de Paris, confirmant une information publiée dans la revue médicale Eurosurveillance. Afin de mettre fin à l’inquiétude des familles et d’éviter que ce scandale ne vienne éprouver la « réputation » d’une filière laitière française déjà en crise, Bruno Le Maire a « demandé à M. (Emmanuel) Besnier, le président de Lactalis, de faire preuve de davantage de transparence« . Le ministre s’est finalement présenté seul devant la presse, après avoir reçu pendant une bonne heure le très secret patron du groupe qui, en dépit d’un appel à venir s’exprimer publiquement lancé par le gouvernement, est arrivé à Bercy par une entrée dérobée, évitant les caméras.

« Le président de Lactalis communiquera publiquement sur les causes de la contamination dès qu’elles seront établies« , a toutefois assuré M. Le Maire, qui tancé à plusieurs reprises la direction du groupe laitier lors des dernières 48 heures. « Lactalis fera ensuite tous les investissements nécessaires sur le site de Craon pour garantir la sécurité sanitaire du site« , a-t-il ajouté, écartant implicitement le spectre d’une fermeture de l’usine actuellement à l’arrêt et dont 250 des 327 salariés sont au chômage technique. Les distributeurs, dont certains ont continué à vendre des produits potentiellement contaminés après l’annonce de leur retrait, avaient déjà été convoqués à Bercy jeudi soir. Mais ils refusent d’être cloués seuls au pilori. Le patron des centres E. Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a estimé jeudi qu’il y avait eu une « défaillance systémique et pas seulement sectorielle« , épinglant au passage « des services de l’État« . Plusieurs responsables politiques et syndicaux ont également critiqué l’attitude de l’État, dénonçant notamment une baisse du budget et du personnel à la DGCCRF, le service de Bercy chargé de la répression des fraudes. Selon le gouvernement, la DGCCRF a réalisé 2.500 contrôles depuis le 26 décembre, et en prévoit 2.500 autres dès la semaine prochaine pour vérifier que tous les produits potentiellement contaminés ont bien disparus des rayons et des stocks. Les contrôles déjà effectués ont permis de retrouver des boîtes de lait potentiellement contaminées dans des supermarchés, mais aussi dans des pharmacies, des crèches et des hôpitaux.

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