Ville campagne Agriculture urbaine

Et si on devenait Paris-culteurs?

11.03.16

Paris veut développer la place de la nature en ville. Et toutes les idées sont les bienvenues pour recultiver en milieu urbain! D’où cet appel à projet qui propose 40 sites parisiens, mis à disposition des « Paris-culteurs », pour y développer des projets d’agriculture urbaine et de végétalisation. Objectif : 100 hectares.

 

Sur fond de crise de l’élevage, un petit nouveau faisait discrètement son entrée cette année dans le Hall 2 du Salon de l’agriculture à la porte de Versailles : la Mairie de Paris. Que venait faire la capitale, d’une densité de plus de 21.000 habitants au m2 et donc peu à même d’être en pointe côté surfaces cultivables, dans la plus grande ferme de France ? Sur son stand aux allures de petite épicerie en circuits courts avec ses cagettes garnies de légumes de saison (sauf  les tomates!) et équipé d’un « keyhole » (un jardin potager circulaire dont la partie centrale est dédiée au compostage ), la Ville présentait ses initiatives dédiées à la végétalisation et à l’agriculture urbaine. Parmi elles, l’appel à projets “Les Paris-Culteurs”, développé avec le soutien des 33 premiers signataires de la charte « Objectif 100 hectares ».

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Photo Mairie de Paris
Stand Paris Culteurs
Photo Jean-Pierre Viguié / Mairie de Paris

Adressé aux professionnels (jardiniers, paysagistes, agriculteurs, entrepreneurs, startupers, architectes, artistes du monde entier…), il mettra à leur disposition 40 sites parisiens – toits, murs, surfaces au sol ou en sous-sol – pour y développer leurs projets. Objectif : 100ha végétalisés en 2020, dont 30 d’agriculture urbaine.

« Le développement d’une agriculture urbaine productive, à la pointe des technologies innovantes et connectée aux agricultures périurbaines, est une nécessité et un marché en plein développement. Il s’agit d’une véritable filière économique, créatrice d’emplois. Ce sont les circuits courts qui feront l’agriculture urbaine de demain », a souligné Pénélope Komitès, adjointe à la Maire de Paris en charge des espaces verts.

L’agriculture urbaine un nouveau levier d’emploi ? Les maraîchers parisiens, leurs homologues du 19e siècle, étaient plus de 1800 à cultiver dans la ville avant d’être chassés par la pression du foncier. Seront-ils aussi nombreux à cultiver sur les toits ?

Crayons, pois cassés, petits cailloux, fleurs séchées

Quelques jours après la fermeture du Salon de l’agriculture, une centaine de candidats à l’exploitation d’un lopin de terre dans la capitale se retrouvaient au coeur du Bois de Vincennes pour imaginer, à travers des ateliers pratiques, la faisabilité de la Paris-Culture. Les participants, réunis aléatoirement, était rassemblés autour de tables pour inventer des projets schématisés à l’aide de crayons, pois cassés, petits cailloux, fleurs séchées, pour symboliser les différentes cultures.

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Photo Jean-Pierre Viguié / Mairie de Paris

Ils imaginent un paysage comestible, des pépinières sur des toits, avec des ruches, de l’aquaponie et de la permaculture, de véritables petites exploitations qui approvisionnent les restaurateurs de quartier… On y parle aussi contraintes techniques, modèle économique mais aussi accès des populations de la ville à cette relation retrouvée avec la nature.

Maraîcher star, consultant en agriculture urbaine

Au cours de cette journée, un invité surprise a fait son apparition : Joël Thiébault, le maraîcher star, qui a récemment décidé de raccrocher ses gants de jardinier, présenté comme “consultant en agriculture urbaine”. Il annonce avoir été contacté par de grands hôtels pour implanter des potagers sur leurs toits. Au passage, il dit tout son désamour pour l’hydroponie: « avec une tomate d’Espagne cultivée en hors sol, on peut jouer au tennis pendant 3 semaines, elle tient quand même!” Pour lui les projets d’agriculture urbaine doivent viser avant tout à reconnecter l’homme avec la nature :

« Je pense à ces usines développées au Japon pour faire pousser des crucifères (famille des choux, brocolis…. ndlr). Est-ce qu’on veut manger ce genre de choses et mourir centenaire et ne plus trouver de plaisir à manger ?« 

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Photo Joël Thiebault – L’Agence Nature

Certains comptent bien proposer des cultures en aquaponie ou hydroponie. Cela tombe bien, le petit flyer remis aux candidats le dit, tout est permis :  “aéroponie, aquaponie, hydroponie, permaculture, verger, champignonnière, culture en bac ou en pleine terre, murs comestibles, toits végétaux, semis, plantes grimpantes ou descendantes…”. Les Paris-culteurs pourront proposer toutes les techniques et tous les usages du végétal en ville.

parisculteurs

Après le dévoilement des sites et le lancement officiel de l’appel à projet à la mi-avril, les candidats auront ensuite trois mois pour remettre leurs copies à un jury international qui sélectionnera les lauréats à l’automne.

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